Ils sont trois passionnés par l’art ancien devenu expert. Des marchands qui ont pour clients le musée du Louvre, les grands collectionneurs, les décorateurs et conservateurs de musées du monde entier trouvant auprès d’eux, l’objet rare et les conseils avisés. Leur œil reste, en effet, inégalable et leurs connaissances inépuisables. Si leur regard caresse un tableau, une sculpture, un meuble ou un objet, c’est qu’il est d’une beauté exceptionnelle. Situés rue du Faubourg Saint-Honoré, à quelques mètres l’un de l’autre, en voisins, ils vous ont préparé un parcours remarquable. Et s’ils n’ont pu se rendre aux foires de Maastricht ou à la TEFAF à Bruxelles, ils partagent, à Paris, pour cette première exposition depuis le confinement, avec générosité au grand public, leur goût précieux. Profitez en amateur éclairé, de cette manifestation, qui aurait pu avoir, dans les grandes foires internationales, plus de deux cent mille visiteurs !
Rue du Faubourg Saint-Honoré Trois expos pour un concours
Au 137, rue du Faubourg Saint-Honoré, dans la continuité de son prédécesseur, la galerie Calleux, Eric Coatelem propose un ensemble inégalable d’oeuvres du XVIIIè siècle, de Hubert Robert (1733-1808) avec une exposition intitulée « Hubert Robert, de Rome à Paris ». C’est le plus joli peintre de ruines du 18è siècle français, explique le galeriste, établi depuis 1986, un artiste, qui avec sa très grande maîtrise du pinceau et du crayon, exalte toute la grandeur de la France et de l’Italie par ses monuments. Dans ses tableaux, il y a toujours une ruine qui traine quelque part et ses œuvres, toujours vivantes, peuplées de personnages souriant. C’est un peintre très intéressant précurseur du romantisme. Sur les deux étages de son magnifique espace, Eric Coatelem, spécialisé dans les tableaux, dessins et sculptures des maîtres français du XVIIe au XXe siècle, présente une soixantaine d’oeuvres, des sanguines, des aquarelles, des tableaux merveilleux dont la moitié proviennent de collections privées et n’ont donc jamais été montrées, et une exposée à la rétrospective du Louvre en 2016. Dès votre arrivée devant la galerie, vous découvrez un tableau sur chevalet dans la vitrine, et dans la salle du rez-de-chaussée, vous attend des tableaux de plus de deux mètres soixante de hauteur mis en valeur par des sculptures antiques, dont l’immense « Caprice architectural avec un escalier monumental animé de personnages » (Vers 1755-1780). Montez au premier étage, où non seulement sont accrochées dans les trois grandes pièces une cinquantaine d’œuvres, mais découvrez aussi le petit cabinet de dessins où se côtoient des sanguines et des aquarelles plus raffinées les unes que les autres.
Il n’y a qu’à traverser la rue pour vous rendre au 136, rue du Faubourg Saint-Honoré, où se trouve le plus passionné et le plus grand expert d’art italien, Giovanni Sarti. Après Londres, le marchand s’est installé dans un hôtel particulier parisien depuis 25 ans, et accueille toujours avec chaleur spécialistes et amateurs. « ll faut montrer que la grande peinture n’existe pas seulement dans les musées mais que l’on peut la voir en entrant tout simplement dans une galerie. Il faut oser pousser la porte », explique celui qui a sillonné toute sa vie le monde entier à la recherche de perles rares. Pour cette première exposition depuis plus d’un an, il révèle non seulement des œuvres exceptionnelles du XIVè au XVIIè siècles mais aussi d’art primitifs dont il est « le » spécialiste. L’exposition intitulée « Sons et couleurs » propose pour la première fois un parcours unique, préparée avec soin et raffinement, pour le plus grand plaisir du visiteur. Son dessein : recréer l’ambiance musicale dans laquelle sont nés les tableaux. Ainsi, devant le merveilleux petit chef-d’œuvre du Maître de L’Osservanta, « Le songe de Saint-Joseph »(Vers 1440), laissez-vous bercer par un chant grégorien du cœur de l’abbaye de Solesmes. Face au théâtral « Judith à la tête d’Holopherne » (vers 1625) de Matteo Loves, écoutez l’intensité des voix de l’oratorio de Scarlatti. Et devant l’œuvre de jeunesse de Francesco Guardi, cette scintillante Venise, vue du Grand Canal avec San Simeone Piccolo (vers 1755), Vivaldi vous emporte dans l’enchantement de la Sérénissime.
Remontez la rue en quelques enjambées et vous voilà dans l’espace unique de la galerie Perrin où trois générations de spécialistes de l’art du XVIIIe siècle se relaient et aiguisent leur vision privilégiée de l’art. « Notre métier est de s’intéresser à des domaines qui sont mal défrichés et où il reste des artistes et des œuvres importantes », confie-t-il. Le galeriste consacre son exposition à une « Éloge de la sculpture : de 1600 à 1900 ». Son désir, présenter des oeuvres célèbres comme le médaillon intitulé « Le Silence » (1849) d’Auguste Préault (1809-1879) mais aussi des redécouvertes comme « La Bataille des Amazones d’après Rubens » (1753) du sculpteur liégeois, Antoine-Marie Melotte (1722-1795). En arrivant à la galerie, le visiteur découvre une superbe terre cuite entourée de tableaux, puis un ensemble de marbres, ensuite une salle dans les tons de bruns, avec, entre autre, deux bustes d’une patine remarquable de Robert Le Lorrain (1666-1743). Enfin, la quatrième pièce présente un ensemble inouï d’œuvres des symbolistes avec Gustave Moreau et une rare sélection de sculptures de Jean-Joseph Carriès (1855-1894) dont « La Novice » (1888) sera rendu visible pour la première fois au public.
Informations pratiques :
Parcours « Rue du Faubourg Saint-Honoré. Coatelem – Perrin – Sarti ». Du 18 mai au 3 juillet. Galerie Coatelem, 137, rue du Faubourg Saint-Honoré, 8è. Tel : 01 42 66 17 17. https://www.coatalem.com/fr/. Galerie G. Sarti, 136 rue du Faubourg Saint-Honoré, 8è. Tel : 01.42.89.33.66. https://www.sarti-gallery.com/. Galerie Perrin, 98 rue du Faubourg Saint Honoré Place Beauvau, 8è. Tel : 01 42 65 01 38 http://galerieperrin.com/