Urbanisme

Le Grand Rex, 90 ans de cinéma

Emblématique cinéma des Grands Boulevards, Le Grand Rex a dévoilé sa façade rénovée à l’occasion de ses 90 ans. Fini les grandes lettres en rouge, retour aux couleurs d’origine crème et or qui subliment l’architecture Art déco du bâtiment. Plus qu’un cinéma, c’est aussi une salle de concert, un escape game, un Studio intéractif et, surtout, une étape touristique essentielle du Paris éternel.

Grand Rex

1, boulevard Poissonnière, 75002 Paris
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Le Grand Rex a connu bien des vicissitudes depuis sa construction en 1932, mais a tou- jours réussi à garder le cap. Il a traversé les décennies et échappé à la fermeture contrairement à d’autres grandes salles de la capitale.

Dernière péripétie en date, la période Covid, où, après les fermetures administratives, pour la première fois de son existence, il a fermé ses portes plusieurs semaines à l’été 2020 en raison de la baisse de fréquentation, de l’absence et des reports de sorties de blockbusters. Mais, à nouveau, Le Grand Rex s’est relevé.

Le monde du cinéma a changé, les attentes des spectateurs aussi, Le Grand Rex a su s’adapter pour continuer à faire rêver sur grand écran les petits et les grands. Aujourd’hui, il s’affiche comme une étape indispensable pour tout cinéphile averti et pour les visiteurs de la capitale. Moins agressive, sans ses grandes lettres rouges, la façade crème et or, après deux ans de travaux, a retrouvé son charme d’antan à l’apogée du style Art déco. Le Grand Rex, à l’angle du boulevard et de la rue Poissonnière, tient toujours le haut de l’affiche des cinémas parisiens et renoue avec son enseigne rotative Rex, qui tourne, à nouveau, dans le ciel de Paris. Clin d’œil au passé pour un lieu qui accueille les dernières technologies.

Une salle “atmosphérique” unique en France

Créé en 1932 par Jacques Haïk (par ailleurs propriétaire de L’Olympia), administré depuis trois générations par la famille Hellmann, le lieu a été classé Monument historique en 1981. La salle de 2 700 places (au lieu des 3 800 d’origine) aux fauteuils rouges, a des allures de théâtre avec son plafond étoilé, ses décors baroques d’inspiration orientale, un peu palais des mille et une nuits, qui en font l’un des cinémas les plus atypiques au monde et qui contribuent à son charme aussi. Son actuel directeur général délégué, Alexandre Hellman, confiait l’histoire de cette salle surprenante dite “atmosphérique”, inspirée des cinémas américains des années 1920, et l’origine du décor : « Jacques Haïk était franco-tunisien et voulait un cinéma qui évoque son pays, d ’où ce jardin méditerranéen Art déco, avec ses arbres, ses statues qui lui rappelaient son enfance. » Un choix audacieux qui, aujourd’hui encore, signe l’une des particularités du lieu. Du cinéma donc… avec une programmation hors norme autant que le bâtiment.

Lors de son inauguration, le 8 décembre 1932, avec la projection des Trois Mousquetaire d’Henri Diamant-Berger en version parlante, Louis Lumière, l’un des pères du cinéma, était présent. Ce fut aussi le premier cinéma de France à diffuser un film de Walt Disney Pinocchio, en 1946. Depuis, la grande tradition des dessins animés de Noël perdure avec, en première partie, le spectacle la Féerie des Eaux du Rex. Un spectacle d’eau, son et lumière d’une vingtaine de minutes imaginé par Jean Hellmann (le grand-père de l’actuel directeur général) en 1954, où, à partir d’un orgue sophistiqué, un technicien pro- pulse à 20 mètres de haut 3 000 litres d’eau dans la lumière de 26 projecteurs multicolores aujourd’hui remplacés par des Leds. Pas moins de 2500 jets d’eau offrent un ballet de plus de 500 effets différents, au rythme d’une musique d’accompagnement. Un moment incontournable pour tous les cinéphiles parisiens au moment des fêtes depuis près de 70 ans. Autre point fort du Grand Rex, présenter en avant-première les films les plus attendus en présence des acteurs ou réalisateur comme, en janvier dernier, Babylon avec Brad Pitt, Li Jun Li, Jovan Adepo et Damien Chazelle.

Cinéma, club, escape game...

Cinéma mais aussi salle de spectacle, Le Grand Rex a plus d’une “pellicule” en stock à faire défiler. La rénovation de la façade marque l’aboutissement de travaux de rénovation lourds, entamés depuis 2012 avec la modernisation de toutes les salles de projection qui ont bénéficié de l’en- semble des dernières technologies dont le son 7.1. Elles ont toute une décoration différente comme celle baptisée Love Room, une salle de 78 places entièrement rose, avec des LED, et régulièrement louée par des couples pour une séance en duo, confie Alexandre Hellmann. Une capacité bien différente de la salle Grand Large, et ses 2 700 places qui s’enorgueillit de toujours posséder le plus grand écran de Paris et d’Europe hors les écrans Imax.

Cinéma exceptionnel, Le Grand Rex est également une salle de spectacle, tout aussi exceptionnelle. La programmation, orchestrée depuis quatre décennies par Bruno Blanckaert est aussi éclectique que prestigieuse.

Avec quelques temps forts comme la venue du groupe Madness, où des sièges ont été volés, ou, moins mouvementées celles de Neil Young, Lou Reed, Iggy Pop ou Madonna en 2020. Chanteurs, humoristes, et autres événements y sont prévus. Kyle Eastwood s’y produira les 19 et 20 mars, Isabelle Boulay le 25 mars et Robert Charlebois le 1er avril pour n’en citer que quelques-uns. Et ce n’est pas fini. Il existe le Rex Club, ex-dancing Le Rêve, sous le bâtiment principal, seul établissement de nuit français à figurer dans les classements inter- nationaux des 100 meilleurs clubs au monde. Un lieu qu’Alexandre Hellmann souhaite développer encore plus. Plus familial, le Grand Rex propose aussi une visite interactive avec Rex Studios, sorte de voyage imaginaire dans les coulisses du cinéma, et un escape game, Sauvez le cinéma, où, en 40 minutes, deux à sept joueurs doivent résoudre nombre d’énigmes afin d’élucider pourquoi les grands classiques du cinéma disparaissent les uns après les autres. Ce qui ne risque pas de disparaître c’est l’aura du Grand Rex qui tient toujours le haut de l’affiche des cinémas parisiens.

Par Dominique Millérioux - Publié le
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