Coiffé du “Confident”,un casque audio connecté, on entend des voix de personnages et des bruits d’ambiance, comme s’ils étaient réels, dans chaque espace traversé où l’éclairage indirect participe à créer une certaine atmosphère. « Tout est fait pour que vous profitiez au maximum de ce qui se trouve sur votre parcours », explique Delphine Christophe, directrice de la conservation et des collections du Centre des monuments nationaux. La recherche des meubles et objets d’origine ou d’époque identique, qui proviennent en majorité de dépôts de grandes et petites institutions, de même que la restitution des décors, du moins autant que cela a été possible, a demandé beaucoup de soin et de patience. Divers corps de métiers d’art ont été sollicités, notamment en ce qui concerne les textiles présents sur les murs, les sièges ou sous forme de rideaux.
« Savoir comment étaient décorées et meublées les quatorze salles qui composent les appartements a été plutôt facile, poursuit Delphine Christophe, car nous disposions d’inventaires très détaillés datant de la fin du XVIIIe siècle. De plus, nous avons retrouvé des mémoires rédigés par des artisans. Ce qui a été difficile, par exemple, c’est de retrouver certaines peintures qui avaient été recouvertes, parfois à 18 reprises ! De même, constituer des réseaux électriques, notamment dans les murs ou les sols, s’est révélé être un vrai casse-tête par endroits. Mais il y a eu aussi de belles surprises, comme la découverte du Cabinet doré sous les installations en inox d’une cuisine. C’est l’une des pièces emblématiques de l’Hôtel de la Marine. Elle a retrouvé ses deux cheminées, son décor de damas cramoisi et deux meubles exceptionnels de Jean-Henri Riesener qui l’ornaient : une table mécanique, dite Table des muses, et un secrétaire à cylindre. » À ne pas manquer non plus, entre autres : le Cabinet des glaces. Celles-ci sont peintes de femmes nues qui indiquent le goût pour le libertinage d’un intendant. Cependant, l’épouse de son successeur, plus prude, a fait recouvrir leurs corps d’un voile et transformer leurs visages en têtes de petits angelots joufflus !
À l’automne, le parcours va s’enrichir avec l’ouverture des galeries d’exposition de la Collection Al Thani qui recèle des œuvres d’art datant de l’Antiquité à nos jours. Celles-ci seront montrées au gré d’expos temporaires, la première étant intitulée “Trésors de la Collection Al Thani”. D’autres parties de l’Hôtel de la Marine sont occupées par des bureaux en location, du 2e au 4e étage, ainsi que par l’Académie de Marine et la Fondation pour la mémoire de l’esclavage. Il y a aussi des lieux où se désaltérer et se restaurer, accessibles depuis la Cour d’honneur, comme le café Lapérouse, qui donne sur la place, ou le restaurant dont la carte est signée par le chef Jean-François Piège. Voilà qui complète à merveille l’offre de cet hôtel meublé de luxe !