Hôtel Plaza Athénée ou le luxe cousu main
L’Hôtel Plaza Athénée aurait pu être lié au monde de la scène, puisque son inauguration en 1913 est concomitante à celle du théâtre des Champs-Élysées. Mais l’arrivée de Christian Dior avenue Montaigne en 1947, juste en face, va irrévocablement entrelacer l’histoire du palace à celle de la haute couture parisienne, les plus grandes maisons du luxe s’installant les unes après les autres sur l’artère la plus célèbre de la mode. Christian Dior est un habitué de l’Hôtel Plaza Athénée – en particulier de son restaurant Le Relais Plaza, aujourd’hui dirigé par Jean Imbert, tout comme l’ensemble des cuisines du palace, dont le restaurant étoilé. Il est aussi un familier du légendaire directeur René Lambert, et espère attirer dans sa boutique la clientèle mondaine et élégante qui fréquente déjà l’hôtel. Inversement, Le Relais Plaza va aussi bénéficier de cette proximité. Les mannequins de Dior y ayant table ouverte, elles vont drainer une nouvelle clientèle venue des beaux quartiers, séduite par ces beautés virevoltant autour du bar. « Les tenues des serveurs, pantalon noir et veste très ajustée blanche, ont d’ailleurs donné l’idée à Christian Dior de créer l’iconique tailleur Bar, très marqué à la taille », raconte François Delahaye, Directeur Général de l’Hôtel Plaza Athénée. « De nombreuses photos des premiers modèles de Christian Dior ont été prises devant ou dans Le Relais Plaza. La plupart d’entre elles, tout comme ses croquis, sont d’ailleurs exposés au Spa Dior. » Un institut qui a naturellement trouvé son écrin à l’Hôtel Plaza Athénée en 2008, sachant que le couturier, qui souffrait du dos, s’y faisait déjà masser.
Au fil de son histoire, l’hôtel a cultivé des liens avec la mode. « Yves Saint Laurent et Pierre Bergé y dinaient tous les dimanches soir, Pierre Cardin, Jean-Louis Scherrer, Dolce & Gabbana, pour ne citer qu’eux, y venaient avec régularité.
Ce n’est pas un hasard si les films liés à la mode – Le Diable s’habille en Prada, Sex and The City, Emily in Paris – font toujours référence à l’Hôtel Plaza Athénée », reprend François Delahaye. Dans la série Emily in Paris, apparaît ainsi la suite Eiffel Haute Couture, un bijou d’appartement décoré par Marie-José Pommereau. Le duo d’architectes d’intérieur, Bruno Moinard et Claire Bétaille, avec la subtilité qui le caractérise, a quant à lui infusé cet esprit exclusif à La Cour Jardin, éden luxuriant l’été qui se métamorphose en patinoire féerique à l’approche de Noël. « Aujourd’hui, le luxe se loge dans le détail, dans l’envers des choses, dans une couture, une doublure, dans ce qui ne se voit pas, dans des surprises. Non pas dans l’extravagance, dans la surenchère décorative », expliquait ainsi Bruno Moinard, dont les croquis de mode ornent les murs ici et là. « Toutes nos salles de réception ont des noms rappelant l’univers de la confection, Haute Couture, Organza, Création, Collection. Et de nombreux détails sont aussi une évocation des savoir-faire de ces grandes maisons, comme le spectaculaire tissu habillant le plafond du bar décoré par Patrick Jouin et Sanjit Manku, qui dessine de magnifiques volutes dans un bleu profond à la Klein, à la manière d’un drapé sophistiqué. »
La haute couture étant à l’Hôtel Plaza Athénée « ce que la grande joaillerie est au Ritz », selon les mots du Directeur Général, le palace vibre évidemment à l’unisson de la Paris Fashion Week. Chaque défilé est l’occasion pour les clients de se mettre sur leur 31 tandis que certaines suites se muent en showrooms de créateurs et que les soirées privées se succèdent au bar ou dans les salons privés. L’ambiance est perceptible dès le lobby arrondi, paré de Stockman fleuris et d’immenses bouquets suggérant les prémices d’un défilé. C’est aussi dans ce lobby que les visiteurs sont accueillis toute l’année par une hôtesse en longue robe de soirée, au rouge flamboyant, signature chromatique de l’hôtel. « C’est notre message subliminal, subtil et élégant, pour leur rappeler que l’Hôtel Plaza Athénée est un endroit chic, donc on s’habille. »