Interrogé par Paris Capitale en juin 2014, Jean-Claude Ellena expliquait : « J’aime beaucoup ma nouvelle camarade de jeu. Je suis même très fier qu’elle soit à mes côtés. Nous fonctionnons en parfaite harmonie. » Et d’ajouter, « dotée d’une grande générosité, Christine a une approche très physique du parfum alors que la mienne est beaucoup plus cérébrale. Le temps qui s’ouvre à nous est celui du partage, de la liberté et de la différence. » Dont acte avec la sortie de ces deux colognes. L’Eau de néroli doré rend hommage à la culture méditerranéenne de Jean-Claude Ellena, dans laquelle se mêle du néroli, de la fleur d’oranger, des agrumes, du safran… et beaucoup de joie. Christine Nagel s’est plongée dans les délices de la rhubarbe. Elle a imaginé une version plutôt fantasmée que littérale de cette plante herbacée. « J’ai toujours aimé la dualité de la rhubarbe. Dualité double : visuelle et olfactive. Sa couleur verte se métamorphose en rouge. D’acidulée, croquante, son odeur devient suave, veloutée », raconte Christine Nagel. En tête, le parfum libère un accord rhubarbe frais et pétillant, vert et croquant. Puis le cœur s’adoucit par une note de fruits rouges qui donne sa couleur au jus pour, enfin, l’envelopper de muscs blancs, les composants clés de cette formule. Un parfum texturé qui apporte une nouvelle sensation au geste de la cologne. Ce nouvel opus olfactif risque de se faire remarquer : d’un rouge fluo à se damner, le flacon va détonner au milieu du colorama aquatique bleu-vert de la gamme habituelle des colognes du sellier. Si ces deux nouveaux opus olfactifs vont rencontrer un rapide succès, une question se pose : est-ce que cette fragrance de Christine Nagel est “très Hermès” ? Oui, bien sûr ! Si cette création unisexe peut paraître plus féminine et sensuelle, elle est imaginée avec noblesse, modernité, dans le respect des traditions et réalisée avec des matières premières d’exception, comme tous les “objets” de la vénérable maison de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, que ce soit un sac, une robe, un foulard ou une paire de souliers. Pour ce nez épris de liberté, comme pour tout créatif qui intègre une grande maison de luxe, il faudra, au fil des années, qu’elle insuffle son style propre chez Hermès tout en respectant l’ADN de la marque. Et assurer également “l’après Jean-Claude Ellena”. Mais il semble que la pétillante brune soit sur la bonne voie.
Parfums Hermès Duo gagnant
Orange, mandarine, pamplemousse, gentiane, narcisse… Autant de fruits, de fleurs et de plantes qui inspirent et nourrissent chaque nouvelle création dans la famille des colognes d’Hermès. Certains ne jurent que par elles, d’autres les réservent pour des splash estivaux. En tout cas, chaque nouvelle “Eau de” signée Hermès ne laisse pas indifférent. Cette année, la sortie des deux dernières colognes est placée sous le signe de la transmission, puisque si l’Eau de néroli doré est composée par le nez attitré d’Hermès depuis dix ans, Jean-Claude Ellena, c’est Christine Nagel, le parfumeur choisi pour prendre la relève – arrivée en 2014 dans la maison – qui signe l’Eau de rhubarbe écarlate. Cette Italienne a un parcours impressionnant. On lui doit de grands jus tels que Miss Dior Chérie, l’Eau de Cartier (qu’elle co-signe avec Jean-Claude Ellena), For Her de Narciso Rodriguez (avec Francis Kurkdjian), le parfum de John Galliano, Si de Giorgio Armani…