Etiez-vous prédestiné à devenir parfumeur ?
Baigné depuis l’enfance dans l’univers des senteurs (il a tout juste quatre ans lorsque son père Jacques est nommé créateur des parfums Chanel, N.D.L.R.), j’ai eu ma phase « Tout, sauf ça ! » comme bon nombre d’ados. J’ai d’abord entrepris des études en histoire de l’art. Puis un été, j’accepte un stage dans l’entreprise où travaillait mon père. Je découvre alors cet univers, des pesées d’essences et d’absolus jusqu’aux décorticages de formules. Mon regard sur le métier change alors. Mon père m’encourage dans cette vocation tout en m’éloignant de lui, mais me faisant rentrer dans les bons endroits comme chez Charabot d’abord, où j’explore une à une les matières premières. J’apprends à broyer la vanille, à arroser des mousses sèches de Yougoslavie. Viennent ensuite deux années d’initiation à la composition dans une petite société genevoise au sein de laquelle j’ai disséqué mes premiers accords, les structures types, les chyprés, les fougères, un peu comme on ferait ses gammes. Je rentre ensuite chez IFF, spécialiste du secteur des odeurs et des parfums, qui m’envoie immédiatement à New York. J’y suis resté cinq ans avant de revenir en France.
Quelle image aviez-vous des mythiques parfums de la maison de couture ?
Quasi parfaite car Chanel exerce, depuis ses débuts, son métier de parfumeur de façon très particulière : le processus de création est intégré de A à Z, de la fleur au flacon en passant par la composition du parfum. Résultat : les créations, qu’elles soient anciennes ou plus contemporaines, sont soigneusement entretenues, surtout parce que Chanel met un point d’honneur à se procurer une qualité irréprochable de matières premières comme ces champs de roses et de jasmin que la maison cultive avec amour aux environs de Grasse. Nous “cajolons” nos fragrances, en somme.