Interview

Messika Valérie, la fée du diamant

La passion pour la reine des pierres anime la talentueuse créatrice depuis sa tendre enfance. Valérie Messika, qui fête les 10 ans de sa maison, vient d'inaugurer un atelier de haute joaillerie. Rencontre.

Quel bilan tirez-vous de ces dix premières années ?
Une décennie déjà ! C’est jeune par rapport aux autres maisons. cela fait plaisir de voir que nous grandissons. L’accueil est chaleureux partout dans le monde. Nous sommes une marque parisienne vendue dans 53 pays désormais. Et j’espère avoir réussi un peu à modifier le regard sur le diamant. Il y a plus de dix ans, cette pierre relevait de l’exceptionnel, à l’occasion d’un mariage, d’une naissance, d’une soirée… Désormais, les mentalités ont évolué et j’espère y avoir contribué en créant des bijoux plus proches de la mode, à porter au quotidien que les femmes s’achètent seules.

Comment cette aventure a-t-elle débuté ?
C’est une histoire de famille. Petite, je regardais les pierres que mon père André – un des plus grands noms du négoce du diamant dans le monde N.D.L.R. – rapportait à la maison. C’était mon mode de communication avec lui car, pour briller à ses yeux, je devais comprendre le diamant et entrer dans la pierre. Mon père m’a aiguisé l’œil et transmis le sens du détail et l’amour d’entreprendre. Il m’a emmené dans ses voyages, à la recherche de gemmes extraordinaires. Comme je suis l’héritière de cette passion “blanc de blanc”, je me suis consacrée au diamant tout en suivant ma propre voie, mais pas celle du négoce pur et dur. Instinctivement, chaque diamant m’inspire un dessin ou un porté, tandis que l’émotion tient à la monture que j’imagine en voyant la pierre. Très vite, je me suis tournée vers la création. J’ai voulu sortir ce gemme précieux de son côté solennel. J’aime les bijoux en mouvement. Ainsi, j’ai créé Move avec des diamants qui bougent. J’ai suivi les deux conseils que mon père m’a donnés à mes débuts : « Ne copie personne et ne fais que du diamant pour revendiquer ton expertise familiale et devenir une référence ».

 

Messika

259 rue Saint-Honoré 75001 Paris Tel : 01 70 39 18 00 www.messika.com
Voir l’itinéraire

Pour célébrer vos dix ans de création, avez-vous imaginé des pièces spéciales ?
Oui, dix parures somptueuses mais pas solennelles – certaines valent plusieurs millions d’euros, sept ont déjà été vendues – autour des tailles poire, marquise et ovale du diamant. Elles ont été baptisées Swan, Love Drop, Diamond Wave, Union Square, Madison ou encore Miss Dietrich. Je les ai imaginées aux contours sensuels et aux portés multiples. Il a fallu parfois presque un an pour réunir les gemmes d’une seule parure !

Vous venez d’inaugurer un atelier de haute joaillerie. Parlez-nous de ce lieu ?
Dans ce nouvel espace, une équipe d’artisans – sertisseur, dessinatrice, CAO (conception assistée par ordinateur), une polisseuse, trois joailliers – s’évertue à réaliser mes rêves les plus fous. Parmi eux, le bracelet manchette Skinny de la ligne Amazone, qui se tord pour épouser les formes de chaque poignet. Je suis très chanceuse de pouvoir recruter et travailler en France. Mon objectif est de tout internaliser un jour. Il est également possible de prendre rendez-vous dans cet atelier pour créer un bijou unique.

Vous créez désormais des pièces de haute joaillerie depuis deux ans. Pourquoi si récemment ?
J’attendais d’avoir la maturité nécessaire et l’accès à des gemmes exceptionnels pour me lancer ce nouveau défi mais aussi un écrin à la hauteur, ma boutique de la rue Saint-Honoré. Ces joyaux sont tous réalisés dans le nouvel atelier. Nous y œuvrons comme pour une robe haute couture.

Quelle est votre plus grande fierté en tant que créatrice ?
Voir mes colliers, bagues ou bracelets portés par des femmes de tous les âges, clientes fidèles ou mère et fille qui viennent ensemble essayer et choisir mes créations. Je suis également très flattée de constater que mes bijoux séduisent de plus en plus de stars du grand écran ou de la musique, comme Beyoncé qui portait une de mes parures lors des derniers Grammy Awards.

Que peut-on vous souhaiter pour les dix prochaines années ?
D’abord que cette merveilleuse aventure continue le plus longtemps possible. Pouvoir fédérer mes équipes afin que la maison soit encore plus visible. Je souhaite également continuer à progresser dans la haute joaillerie. Ces savoir-faire sont exceptionnels, il faut les faire perdurer. Et peut-être, sait-on jamais, mes filles prendront la relève. Cette idée m’a traversé l’esprit lorsque l’une des deux est venue récemment au bureau, qu’elle s’est assise sagement et qu’elle a commencé à dessiner. Nous sommes très famille chez les Messika !

Quelles sont vos cinq adresses parisiennes favorites ?
Le Café de Flore pour sa terrasse. L’Hôtel Costes où j’organise mes rendez-vous et déjeuners professionnels. Dans le patio, on se croirait en Italie. Le restaurant italien La Corte, rue Saint-Honoré pour sa carte merveilleuse. Organiser un apéritif sur un Riva le long de la Seine, j’avais fait cette surprise à ma mère. Et flâner au marché Serpette aux Puces de Clignancourt pour dénicher du mobilier et des objets.

 

Valérie & André Messika
Par Fabrice Léonard - Publié le
Rejoignez-nous sur Instagram Suivre @ParisCapitale