Les mille et uns joyaux signés Chanel

La figure de Mademoiselle Chanel plane sur le 18 place Vendôme, l’écrin joaillier et horloger de la maison tout juste rouvert après un an de travaux. D’abord parce que les bijoux font partie intégrante de l’imagerie de la maison. La couturière, qui adorait accumuler sautoirs et larges manchettes, était également amatrice de “vrais”  bijoux. Cette inclination lui vint probablement de son idylle avec le second duc de Westminster, l’un des hommes les plus riches du monde, qui la couvrit de cadeaux parmi lesquels de somptueux joyaux. Elle créa même Bijoux de Diamants en 1932, une collection de pièces uniques entièrement imaginée à partir de brillants à la demande de l’Union des Diamantaires pour promouvoir leurs gemmes. Ensuite parce qu’en 1997, lorsque la maison Chanel se porta acquéreur de l’hôtel particulier du n°18 pour y installer ses bijoux et montres, le lieu a appartenu, parmi ses nombreux propriétaires, à la National Westminster Bank, fondée par la famille de l’amant de Gabrielle Chanel… Et puis parce que « la boutique du 18, place Vendôme est au cœur de notre histoire avec la place, l’horlogerie et la joaillerie. Face au Ritz, où Gabrielle Chanel a vécu, cette adresse incarne un voyage très symbolique de 1932 à 2022 », détaille Frédéric Grangié, le président de Chanel Horlogerie-Joaillerie. « Sa réouverture est une occasion unique de célébrer le 90e anniversaire de Bijoux de Diamants, la première et unique collection de haute joaillerie créée par la couturière. En nous établissant place Vendôme avec une première boutique dédiée aux montres en 1990, et en acquérant en 1997 le 18, place Vendôme, nous avons été la première maison de luxe à nous installer dans ce bastion historique de la joaillerie. »

Les visiteurs, qui franchissent le seuil de la boutique Chanel rénovée, sont charmés par le luxe qui y règne. Peter Marino, qui avait déjà signé son aménagement en 2007, réinvente sur trois niveaux un tout nouvel espace. Le lieu reçoit davantage de lumière du jour. On devine désormais la colonne Vendôme à travers les fenêtres de cette adresse dont la surface dédiée à la vente a doublé. Épure des lignes, concentré des métiers d’art et savoir-faire d’exception viennent nourrir une vision contemporaine de l’univers intime de la couturière. « La palette explore le blanc, l’or, le noir et le beige, les couleurs de Chanel. J’ai aussi exploré cinq ou six textures différentes. Prenons l’exemple de la laque, véritable symbole de Gabrielle Chanel, qui est ici interprétée de manière unique dans les salons du rez-de- chaussée », explique le célèbre architecte américain. Du bronze martelé, du cristal de roche, du tweed, du laqué, du marbré, du doré, contrastant avec du noir profond, font ressortir les créations scintillantes de la maison. Au rez-de-chaussée, quatre salons à la fois intimistes et chaleureux entourent les pièces de haute joaillerie exposées dans leurs cubes de verre et éclairées par des lustres en cristal de roche signés Goossens. A l’étage, après avoir emprunté l’escalier aux garde-corps transparents piqués de cabochons de cristal, un salon accueille les pièces d’horlogerie. Enfin, le dernier étage dit “noble”  réserve une extraordinaire surprise : dans le vestibule, le majestueux collier n°5 dont le diamant central de 55,55 carats fut taillé spécialement pour l’anniversaire du mythique parfum N° 5. Cette pièce du patrimoine, qui ne sera jamais à vendre, a trouvé sa place en face d’une table accueillant en alternance d’autres pièces patrimoniales. Et ne sera visible que sur demande.