Quand un film au casting international revient tous les ans, si aimé du public que celui-ci se précipite à chaque sortie de plus en plus nombreux et heureux pour l’applaudir, à coup sûr on peut parler de phénomène. Ce long métrage à répétition, ce blockbuster qui sait l’art de mettre dans son scénario du beau, stars en haute couture avec montées de tapis rouge étincelantes, soirées endiablées, engagements éthiques revendiqués, créations magistrales… n’est pas un chef-d’œuvre comme les autres. Mais l’incroyable saga des carats que la maison Chopard, depuis 25 ans déjà, présente en avant-première au festival de Cannes, elle qui est le partenaire joaillier officiel de cette manifestation internationalement suivie. Dont “l’arc narratif”, comme on dit dans le milieu cinématographique, aboutit à des fêtes certes, aux cérémonies bien sûr, à l’apparition d’une Palme d’or réinventée par le joaillier cette année, mais passe surtout par l’émerveillement de l’imaginaire, par la mise en avant d’un savoir-faire magistral, par la présentation de bijoux spécifiquement pensés et réalisés pour cette quinzaine pas comme les autres. Des parures, bracelets, bagues, pendentifs, colliers – 75 pièces impressionnantes pour saluer les 75 ans du Festival – que Caroline Scheufele, la coprésidente de Chopard a voulu dessiner autour et inspirés par les films qui l’ont marquée. “Chopard Loves Cinema” depuis un quart de siècle mais, cette année, soixante-quinze fois plus fort. « Combien les années passent vite ! sourit celle qui est la directrice artistique de la maison et aussi – et surtout – l’inspiratrice de cette union durable entre le raffinement de la marque suisse et l’émerveillement que les films procurent. Vingt-cinq ans, presque une génération, que je n’ai pas vu passer et durant lesquels notre amitié commune a grandi, s’est solidifiée, affirmée. En ces deux décennies et demie, ont émergé de nouvelles technologies (le téléphone portable par exemple), le monde a changé, s’est mondialisé, de nouveaux pays ont envoyé leurs films et vedettes sur la Croisette (comme la Chine), mais nos affinités électives se sont renforcées, tissées plus solidement et l’amitié mieux encore. Ma propre fascination, quand j’y pense puis quand j’y suis, n’a pas diminué d’un pouce.
Quand Chopard fait son (beau) cinéma
Il y a tellement de facettes au Cannes du cinéma, qu’il s’agisse des films, des soirées, des rencontres, des montées des marches, de nos créations de plus en plus photographiées et aimées, dont on loue le style, la force comme la réalisation d’exception, que je ne m’en lasse pas. » De fait, l’un des autres apports de Chopard à Cannes a été la mise en exergue de son esprit créatif de joaillier certes, mais aussi, la mise en lumière du talent et du travail que requièrent les si beaux bijoux présentés. Pionnier, visionnaire même, Chopard s’est fait le porte-drapeau de la joaillerie d’exception, devançant au fil des éditions les tendances de cet univers et y imposant son tempo. On se souvient, entre autres, des premiers mariages audacieux entre pierres précieuses et semi-précieuses que Caroline Scheufele osa proposer, du recours à des matières jamais ou rarement utilisées en haute joaillerie comme le titane, l’aluminium, la céramique etc. « D’une certaine manière, Chopard a démocratisé, en tout cas rendu plus visuellement accessible la magie de la haute joaillerie, estime Caroline Scheufele. Grâce aux échos médiatiques de Cannes, aux montées des marches, à nos collections sur tapis rouge, le monde entier a pu mieux voir, car de près, portés, magnifiés, et ressentir la fascination que cet art exerce. Hors des pages habituelles de certains magazines, dans d’autres supports, d’autres cadres. Et quand nous avons été les premiers à employer et défendre l’or Fairmined, puis des pierres répondant aux mêmes exigences éthiques et écoresponsables, une tendance a émergé. Cette fierté-là, le Festival aussi nous l’a permise. »
Dès lors, vingt-cinq ans de passion commune ne pouvaient qu’inspirer la créatrice. Qui a pensé les soixante-quinze pièces exceptionnelles de sa collection Red Carpet 2022 en puisant dans le cinéma lui-même. À travers des clins d’œil aux films qui l’ont marquée, l’évocation des émotions que les histoires vues sur grand écran génèrent depuis toujours. Mais pas de manière littérale, appuyée, non tout en élégance, en allusions subtiles, subliminales presque, dès lors plus raffinées et fortes parce que délicates. Des exemples ? Caroline Scheufele préserve les surprises, mais lève pour nous quelques voiles. Bien des films ou personnalités iconiques vont être intelligemment célébrés. Ainsi de Charlie Chaplin. Dans l’hommage qui lui est rendu, aucune représentation si littérale de Charlot qu’elle en serait ridicule ou kitsch, mais de la poésie pure : c’est la rose, fragile, sensuelle et onirique que le personnage mythique porte en boutonnière dans City Lights qui devient bijou. Une fleur toute de diamants noirs et blancs, incroyable broche aux pétales mobiles et minutieux travail des artisans suisses. Le bal des merveilles des cultissimes Cendrillon ne débute pas avec une broche de jeune fille en tenue de soirée, mais sur une bague citrouille en grenats spessartites et tsavorites qui s’ouvre pour révéler une pantoufle en diamants. Cent heures d’expertise ont été nécessaires à sa conception. Un collier choker en or éthique blanc 18 carats serti de diamants qui atteignent 204,35 carats, une autre bague en forme de rose avec des pétales sculptés dans le titane et l’aluminium recouverts de saphirs roses protégeant un diamant de deux carats, une bague à émeraude centrale de 4,40 carats pourraient, eux, sortir de tous ces films historiques qui enchantaient nos enfances, ceux où les bijoux d’une reine pouvaient disparaître, des fleurs devenir vivantes, etc. Un sautoir tout en perles semble.