Mode

Cachemire, nouvelle vague

Cette matière ultra-douce est partout, des enseignes grand public jusqu’aux boutiques chic. De nouvelles marques cultivent leur univers et leur singularité afin de bousculer l’ancestral pull en cachemire.

Avec le cachemire, tout commence par un fil tissé à partir du sous-poil d’une variété particulière de chèvre qui prospère en Mongolie. Et si sa démocratisation ne date pas d’hier, une nouvelle génération de griffes l’inscrit dans l’air du temps, tandis que les maisons historiques telles que Hermès, Loro Piana, Brunello Cucinelli ou Hobbs rivalisent de créativité pour lui garder sa désirabilité. Et toutes, conscientes des enjeux écologiques et éthiques majeurs liés à l’industrie textile, portent une grande attention à la filière de production, de la récolte manuelle du poil de chèvre à son travail de filature et de tissage en Mongolie afin de créer la fibre de cachemire, en passant par son acheminement en Europe. Par exemple, certaines marques veillent à ce que leurs bergers partenaires récoltent ces fibres grâce à un procédé ancien : ils peignent chaque animal à la main. Un procédé long mais nécessaire pour garantir une traçabilité ainsi qu’un respect des animaux et des travailleurs. À l’image d’Éric Bompard qui s’est engagé à devenir un des acteurs principaux de la maille éco-responsable et qui s’inscrit dans une démarche slow fashion. Ses produits sont d’ailleurs certifiés Oeko-Tex® 100, premier label textile garantissant l’absence de substance nocive ou irritante pour la peau, signifiant l’absence de colorants azoïques, de cadmium, de nickel et de nombreux autres produits chimiques. La griffe, synonyme d’authenticité depuis 1984, entame une douce révolution en osant plus de créativité et d’audace dans le design. Et en injectant de l’air du temps au sein de ses lignes femme, homme et enfant même si, depuis trente ans, le best-seller, toutes catégories confondues, se révèle être le col roulé noir deux fils. Un choix facile ? Détrompez-vous : chez Bompard, un simple col roulé est décliné en dix formes et dix tricotages différents !

A GOLOVANOFF cachemire paris

Le cachemire embellit-il la vie ? Oui selon Alexandra Golovanoff. Quand elle quitte sa casquette de journaliste mode pour coiffer celle de créatrice, Alexandra Golovanoff imagine des pulls avec un concept : “le tricot qui rend beau”. La jeune femme attache une importance primordiale aux couleurs choisies pour embellir et s’harmoniser avec la peau, les cheveux, les yeux. Ce sont des “pulls cosmétiques”. Lorsqu’ils sont portés, plus besoin de maquillage. Ses pull-overs n’ont de classique que l’apparence. Pour exemple, le col rond signature du modèle Mila, dont le tombé qui frôle l’os de la hanche, est étudié pour se glisser à l’avant dans la ceinture du pantalon et couvrir pudiquement le dos, quand vous êtes assise. Un détail ? Oui, mais qui fait la perfection d’un vêtement et assure un joli porté. Lancée en 2016, sa petite famille de tricots s’agrandit : aux mailles du quotidien s’ajoutent pantalons, robes, jupes, cardigans à boutons gansés et accessoires dont un col-plastron, parfait pour affronter le froid avec élégance. Chaque pièce est fabriquée à la main à l’île Maurice où les artisans spécialisés dans la maille sont renommés dans le monde entier. Autre histoire de femmes autour du cachemire, celle de Kujten. La marque, fondée par Carole Benaroya et Stéphanie Eriksson en 2012, doit son nom au mont éponyme dominant l’Altaï en Mongolie, parce que toutes leurs collections de cachemire y sont produites. Les deux amies décident de faire du pull doux et confortable une alternative moderne et accessible à la blouse en soie. Le Minie, leur best-seller oversize au col V et aux manches trois-quarts, décliné dans vingt-cinq coloris, se porte du matin au soir. Quant à sa capsule organique, unisexe et garantie sans teinture, à la palette naturelle de teintes, elle est largement plébiscitée. Dernière nouveauté : la ligne dédiée à “l’athleisure” composée de bodies, leggings, hoodies oversize et brassières qui reprennent les codes du vestiaire sportif. Dans son flagship de l’avenue Victor-Hugo dans le 16e arrondissement, la griffe a inauguré un spa du cachemire pour apprendre aux clients à laver et prendre soin de leurs achats destinés à durer toute une vie. Notshy, lancée en 1998 par Olivier Cricq et Jean-Pascal Candau, doit son succès au pull poncho en cachemire oversize avec au choix un col V, rond, chemise, à capuche. Spécialiste de la fibre naturelle depuis plus de vingt ans, la marque, sensible à une mode éthique et à une production raisonnée, s’engage dans une démarche éco-responsable avec un cachemire 100 % durable et traçable. Pour aller encore plus loin, elle explore des procédures de fabrication innovantes pour réduire son impact écologique, comme sa capsule sans teinture en 2019 ou encore celle en cachemire et polyester recyclé à partir de bouteilles plastiques l’année dernière. L’opération Recyclez votre cachemire, lancée en partenariat avec Collective Cashmere Lab, se déroule dans tous les points de vente français et suisse de la marque. En échange de pièces 100 % cachemire de toutes marques déposées dans les bornes prévues à cet effet, nommées “re-bornes”, les donateurs recevront un bon d’achat de 50 € en boutique. La marque signe cet hiver une collection avec Inès de la Fressange. Cliente de la marque – elle la citait déjà dans son Guide de la Parisienne – , la créatrice a imaginé une collection de “petits pulls en maille d’amour” qui se compose de douze pièces, dont un cardigan à gros boutons, un débardeur, une culotte, un pull col rond classique revisité, déclinées dans sept couleurs exclusives. Dans un registre plus urbain, il faut regarder du côté de From Future. Pauline et Thomas de Hesdin, épaulés par leur père – il est le cofondateur de la légendaire marque Kookaï –, font le pari, en 2018, de donner le goût de ce matériau noble, plutôt bourgeois, aux jeunes générations. Comment faire ? Commencer par le débarrasser de son image trop lisse et sage. Formes asymétriques, modèles à capuche, logos, messages positifs, couleurs qui claquent et images à l’avenant : ici, cachemire rime avec streetwear. Les quarante modèles ultra-doux sont déclinés dans plus de trois cents coloris ! Pour ancrer le cachemire dans l’air du temps, certaines marques n’hésitent pas à s’associer à d’autres créateurs pour imaginer des modèles inédits. C’est le cas de Linnea Lund, fondée par la Suédoise Charlotte Björklund, qui a invité Fanny Boucher, co-fondatrice de la marque Gemmyo et aussi créatrice des bijoux Bangla Begum, à réinterpréter certains de ses intemporels. De cette rencontre, sont nées quatre pièces à l’élégance décalée comme le cardigan Gina en cachemire bicolore et boutons inspirés des bijoux Bangla Begum ou une paire de mitaines en cachemire reliées par une chaîne bijou.

Ines de la fressange cachemire
cachemire mode hiver
Par Fabrice Léonard - Publié le

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