Après le prêt-à-porter et les baskets, c’est au tour de la maroquinerie de proposer une alternative éco-responsable ou vegan au cuir. Les maisons de luxe comme les créateurs redoublent d’imagination et d’innovation pour faire en sorte que leurs sacs à main de demain soient proposés dans des matériaux autres que le cuir. Que ce soit par des techniques de recyclage de déchets polluants comme le plastique ou l’utilisation de matières ultra-innovantes obtenues à partir de fruits, de légumes et de plantes. Les accessoires passent en effet à cinq fruits et légumes par jour. Champignon, pomme, ananas, raisin, banane et même… déchets de maïs se transforment en matières d’exception. La créatrice britannique Stella McCartney fait figure de pionnière dans le domaine de la mode durable. Défenseure du « ni cuir, ni fourrure » de la première heure, la jeune femme créée l’évènement en dévoilant ses premiers accessoires et vêtements confectionnés dans une matière baptisée Mylo, un cuir vegan créé à partir de champignons. L’appareil végétatif de ce légume, qui se présente comme un réseau de filaments appelé mycélium, coche la case des nouvelles fibres qui séduisent la mode car il est considéré comme renouvelable à l’infini. La créatrice s’est tournée vers les équipes de Bolt Threads pour concevoir ces pièces. La start-up californienne est reconnue pour vouloir transformer l’industrie textile, particulièrement polluante, en recréant en laboratoires certaines fibres naturelles qui prennent l’apparence du cuir ou du fil de soie. Le champignon peut-il donc remplacer le cuir à l’avenir ? Oui à en croire Hermès. Le sellier, connu pour ses créations confectionnées dans des cuirs et des peaux exotiques les plus somptueux du monde, dévoile le sac Victoria qui associe, à la toile H plume et au veau Evercalf, une matière innovante, Sylvania, fabriquée à partir de Fine Mycelium, Une première dans l’histoire de la maison ! Hybridation entre nature et biotechnologie, cette matière incarne aujourd’hui une nouvelle génération de matériaux biotech. Elle est le fruit d’une collaboration exclusive entre Hermès et MycoWorks. Cette société californienne a inventé une matière naturelle à partir de son procédé breveté qui favorise la croissance du mycélium. Le Fine Mycelium, genèse de Sylvania, est produit dans leurs laboratoires. Il est ensuite transformé en France chez Hermès par les tanneurs, qui lui apportent résistance et durabilité. Puis façonnée par les maroquiniers au sein des ateliers. Innovante, singulière par sa sensualité, son toucher incroyablement doux, son fin relief, sa teinte ambrée et sa patine naturelle, Sylvania a trouvé sa place parmi la collection des matières d’exception de la maison. Après Hermès et son sac en fibres de champignons, c’est au tour de la griffe italienne Genny de commercialiser sa première capsule de maroquinerie à base de déchets de pommes tout droit issus de la production alimentaire ! Citons la griffe française Ashoka Paris qui a justement fait de la maroquinerie et des accessoires vegans et éthiques sa marque de fabrique. Elle collabore notamment début 2020 avec une certaine Pamela Anderson autour d’une ligne de sacs à main engagés en… Apple Skin.
Le sac à main en mode green
Après les fruits et les légumes, ce sont les plantes qui donnent naissance à des créations stylées. C’est le cas de la collection de sacs imaginés par le mannequin star Amber Valletta pour la griffe Karl Lagerfeld. Super model des années 90, actrice, muse et amie de l’immense créateur, Amber Valletta s’érige en porte-parole d’une mode durable et raisonnée. L’accessoire principal développé la jeune femme, le sac K/Kushion s’inspire du coussin fétiche qui accompagnait le créateur dans chacun de ses voyages. Un sac proposé pour la première fois dans un cuir de cactus vegan noir ou kaki durable et recyclable, conçu par Desserto au Mexique, ou dans un coton beige composé à 90% de fibres recyclés certifié par la norme GRS (Global Recycle Standard). Cette collaboration s’enrichit d’une série d’accessoires (porte-cartes, portefeuilles, masques et trousses de toilette) disponibles dans les mêmes matériaux éco-responsables. « Cette collection montre que nous n’avons pas à sacrifier un super style pour proposer de la mode durable », raconte Amber Valletta.
Quand les déchets deviennent objets de luxe
Recyclage, up-cycling et régénération sont les maîtres mots de l’industrie du luxe en matière d’accessoires. Longchamp lançait l’année dernière Green District, une ligne de sacs éco-responsables en Nylon régénéré ECONYL®, fibre fabriquée à base de déchets plastiques récupérés dans les océans, retraités et transformés en fil de nylon. Reflétant le savoir-faire Longchamp, chaque modèle allie ce matériau avec des pièces de cuir soigneusement choisies. Disponible dans dix modèles de sacs mixtes aux lignes épurées et urbaines, elle se décline dans plusieurs coloris dont un audacieux imprimé tartan revisité. Résolument moderne, la ligne Green District conjugue élégance et durabilité. Même constat chez Prada pour sa collection Re-Nylon. La griffe milanaise imagine prêt-à-porter et accessoires confectionnés dans un Nylon éco-responsable. Ce tissu provient ainsi du recyclage et de la purification du plastique récolté dans les océans et les décharges ainsi que des filets de pêche abandonnés et des déchets de fibres textiles. Ce Nylon régénéré est ensuite tissé sur un métier à soie pour devenir une gabardine à l’aspect raffiné ou alors, décliné en un tissu ultra fin et léger, appelé Piuma, permettant notamment d’économiser 70 000 barils de pétrole pour 10 000 tonnes de Nylon produit. Les accessoires de la collection Re-Nylon comme les boots Monolith ou les baskets Wheel, un bob ou des sacs cabas, sacs à dos, des pochettes, portefeuilles et ceintures sont toutes agrémentés d’un logo spécifique dont le triangle iconique de la maison est retravaillé à l’aide d’une flèche qui rappelle le symbole du recyclage.
Une mode qui se convertit à l’éco-responsable
Cette prise de conscience environnementale est au cœur des préoccupations de Gucci. Sous l’impulsion de son directeur créatif Alessandro Michele, la collection Gucci Off The Grid voit le jour. Si en 2016, la marque a commencé à utiliser des matériaux en Nylon 100% recyclés, aujourd’hui elle va plus loin en imaginant une ligne entièrement éco-responsable qui vise avant tout à soutenir l’engagement de la maison en faveur de la production circulaire. Au programme ? Du prêt-à-porter, des accessoires, des chaussures mais aussi des bagages unisexes conçus à partir de matières recyclées, biologiques, naturelles et durables. Une grande partie de la collection est d’ailleurs réalisée à partir de Nylon 100% régénéré et créée à partir de l’ECONYL®. Une fibre qui provient tout droit des déchets nocifs pour l’environnement et en particulier pour la vie marine. Le reste de la collection utilise des matériaux recyclés ou des alternatives durables, comme des cuirs tannés sans métal, des fibres de polyester recyclées ou encore des colles sans solvant. C’est également le cas de Thalie. Née il y a un an, la toute jeune maison parisienne de maroquinerie haut de gamme fait partie de cette nouvelle génération de marques à avoir une conscience écologique, intégrant l’éco-responsabilité de la conception de ses produits à leur distribution. Sa fondatrice, Nathalie Dionne, qui a aussi bien travaillé pour les grandes enseignes de la fast-fashion que pour des groupes de luxe, est également la fondatrice du studio Brand Creatives Paris, une agence créative qui accompagne les grands groupes dans le développement de collections durables. Ses créations s’articulent autour de trois lignes représentant autant d’alternatives au cuir traditionnel. La « Sushi collection » propose ainsi des sacs conçus à partir de peau de saumon issue du recyclage industriel agro-alimentaire de la chaîne de restauration Sushi Shop en France. Un matériau baptisé « Squama Luxe » et fourni par la tannerie française Ictyos-Cuir Marin de France. La ligne « Cactus » est issue de fibres de cactus provenant du Mexique, alors que la ligne « Upcycled » décline des pièces manufacturées à partir de stocks dormants de cuirs provenant de l’industrie du luxe. Outre les matériaux, Thalie privilégie les emballages écologiques, la production à la commande ou encore la modélisation 3D pour éviter d’avoir recours au prototypage classique, consommateur de ressources. Le cuir reste pour de nombreuses marques une valeur sûre mais elles souhaitent accroître la transparence et valoriser le tannage végétal, loin du tannage au chrome classique encore trop répandu qui peut être toxique pour l’homme comme pour la planète. C’est le cas de la jeune maison de maroquinerie française Louvreuse. Les sacs et accessoires sont fabriqués dans un atelier d’excellence situé au cœur du Choletais dans l’Ouest de la France. Spécialisée dans la maroquinerie de luxe, cette entreprise familiale forme des façonniers d’exception et perpétuent la tradition du savoir-faire français. Soigneusement sélectionnées dans une tannerie italienne dans la région de la Vénétie, chaque peau est unique et a ses propres caractéristiques comme de potentielles petites marques ou veines, des variations de couleurs, qui ne sont pas considérées comme des imperfections mais des éléments naturels apportant style et authenticité au produit fini. Son partenaire transalpin assure la traçabilité de chacune des peaux et œuvre chaque jour à améliorer son processus de traitement du cuir. Des certifications de système et de produit témoignent de la qualité écologique des cuirs et de la sécurité des lieux de travail.