Champagne

Roederer : le temps magnifié

Du difficile faire le meilleur et des désagréments du temps réussir l’exceptionnel. Le talent des grandes maisons de Champagne est de transformer les aléas météo en cuvées qui marquent les esprits. La Cuvée Louis Roederer Rosé 2017 en est une superbe preuve. 

Des noirceurs du temps créer le beau comme le bon. Très bon même. En Champagne, les caprices de la météo, les aléas des saisons, certaines maisons savent en tirer ce qu’il y a de mieux. Chez Louis Roederer où, comme le dit le Président Directeur Général Frédéric Rouzaud « on est profondément émerveillés par la magie de la Nature, et on s’efforce de la servir le mieux possible pour restituer un peu de cette magie à travers nos vins», le challenge fut, cette année-là, particulièrement relevé. Car il faut reconnaître que 2017 a cumulé tous les écueils, risquant d’en faire le millésime de tous les dangers.

Imaginez qu’après un hiver et un printemps particulièrement chauds d’intenses gelées sont venues tout figer durant 12 nuits, suivies par un été « maussade » avec une fin août « quasi tropicale », autrement dit humide et chaude. De quoi favoriser le développement d’une pourriture grise sur les Pinots Noir et Meunier en pleine maturation. Une seule option possible aux émérites experts de la Maison: vendanger en accéléré, faire une sélection drastique des grains, jamais connue jusqu’alors. Eh bien, de cette succession d’épreuves la maison née en 1776 a fait un atout et une cuvée Rosé 2017 mémorable.

En puisant dans son vignoble de La Rivière les crus Cumières et Chouilly, le chef de caves Jean-Baptiste Lécaillon et ses équipes ont créé un « Rosé d’infusion », un vin qui se présente comme une longue et douce infusion du Pinot noir, technique qui a permis d’en extraire le côté juteux tout en conservant sa fraicheur saline. Des ajouts de Chardonays s’y sont intégré avec délicatesse.

C’est en effet la douceur qui apparait d’emblée dans ce millésime pas comme les autres. Un bouquet de fruits des bois et d’agrumes, des nuances iodées et chocolatées, puis une bouche toute en caresse, délicatesse, élégance, annonçant un envol de parfums subtils légèrement épicés en sont le résultat magique. Déguster cette cuvée relève de l’expérience de dégustation aussi inattendue et rare que mémorable. Quand la nature ne fait pas très bien les choses, le talent est d’en tirer l’exceptionnel, n’est-ce pas ?

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