Alors que la Fiac, qui se tiendra du 20 au 23 octobre, vient de se faire racheter par Art Basel et que de nombreuses galeries anglo-saxonnes s’installent dans la capitale, les deux foires franco-françaises et indépendantes, le Salon du Dessin et Drawing Now Art Fair, s’ancrent et se déploient définitivement au cœur de Paris, grâce à une offre exceptionnelle du XVIe au XXIe siècle. « Nous marquons le territoire parisien pour montrer qu’une telle offre de dessins à la fois historiques et contemporains n’existe nulle part ailleurs. Paris est une place unique au monde », observe Christine Phal, directrice de Drawing Now Art Fair-Salon du dessin d’art contemporain. En effet, non seulement les deux foires accueillent cent onze galeries venues des quatre coins de la planète, mais elles rassemblent autour d’elles un ensemble de manifestations variées, dynamiques et prestigieuses. « Tout cela crée une offre inégalée qui permet la venue de nombreux collectionneurs, conservateurs, spécialistes du monde entier pour dénicher nos perles rares, et aussi d’amateurs et de jeunes connaisseurs passionnés par ce médium », confie Louis de Bayser, directeur du Salon du Dessin. La force de ces foires ? « Leur spécialité qui permet de présenter de manière étendue le médium ciblé qu’est le dessin », explique Louis de Bayser. Leurs qualités aussi, évidemment. « Nous présentons des feuilles où le graphisme, la composition, la matière et l’émotion, bien sûr, doivent être au rendez-vous. » « Et le format intime des deux manifestations crée une véritable ambiance, poursuivent les deux directeurs, qui permet de s’approcher, d’appréhender, de se concentrer dans les stands sans que l’œil ne sature.
Paris, capitale du dessin
Trente-neuf exposants pour le Salon du Dessin
Sous la coupole de la Bourse au palais Brongniart, le Salon du Dessin présente 39 exposants dont dix-neuf étrangers et, pour la première fois, les galeries italiennes Enrico Frascione et Romano Fine Arts, la française Ambroise Duchemin, la parisienne Louis & Sack, et Apolloni Laocoon qui est installée à Londres et à Rome. On vient y admirer Têtes d’une jeune femme et d’un satyre, une puissante encre brune croquée à la plume par Jacques-Louis David chez Benjamin Perronet, une exquise esquisse de la Sainte Famille de Giovanni Battista Tiepolo chez Grässle/Härb-Nuti ou encore un détail merveilleux de l’étude d’une Jeune femme éplorée, de Jean-Baptiste Greuze chez de Bayser. Le parcours consacré à la nature et aux jardins offre à voir de très rares et très belles feuilles comme Lilette sur le banc de Gaudí de Sam Szafran, artiste qui nous a quitté il y a deux ans, ou La Montagne Sainte Victoire de Paul Cézanne. Lavis, encres, gravures, gouaches, aquarelles, pastels, craies, crayons, pierres noires se multiplient encore dans une thématique consacrée aux “Femmes de tête” avec une séduisante jeune femme d’Emil Nolde, chez Martin Moeller et un mystérieux visage d’Odilon Redon, Galerie Éric Coatelem. Le Salon du Dessin dévoile aussi quelques-unes des plus belles feuilles de la donation de Pierre Rosenberg, qui enrichiront le futur musée du Grand Siècle prévu en 2025 dans l’ancienne caserne royale de Saint-Cloud, dont les œuvres sont actuellement exposées dans le pavillon de préfiguration installé au Petit château du domaine de Sceaux. Autres temps forts du salon, une exposition d’Achille Duchêne (1866-1947) issue des collections du musée des Arts Décoratifs et le Prix de dessin contemporain de la Fondation Daniel & Florence Guerlain dont le lauréat sera désigné le 19 mai parmi ceux sélectionnés en décembre 2021 : Olga Chernysheva, Chloe Piene et Gert&Uwe Tobias. Plus encore, le Salon du Dessin organise la très courue Semaine du dessin, un parcours hors les murs qui propose des visites inédites de cabinets d’art graphique dans près de vingt musées et institutions dont, cette année, le château de Versailles, le musée d’Orsay ou le Centre Pompidou.
Trois cents artistes pour Drawing Now Art Fair
Sous la verrière du Carreau du Temple, la première foire d’art contemporain en Europe, dédiée au dessin de ces cinquante dernières années, accueille 72 galeries dont 24 internationales et plus de trois cents artistes. L’occasion de partir à la découverte de Nuno Lorena et Barthélémy Toguo chez le Luxembourgeois Nosbaum Reding, d’Annabelle Guetatra chez la toute jeune galerie bruxelloise Dys, d’Erik Dietman à la galerie Papillon, de Carlos Cruz Diez à La Patinoire Royale/Galerie Valérie Bach, de Nathalie Talec à la galerie Maubert ou de Jan Voss à la Galerie Lelong & Co… Cette année, pour la première fois Drawing Now Art Fair organise “Hyperdrawing”, une exposition en trois temps et trois lieux au Frac Picardie, à la Maison de la Culture d’Amiens et, à Paris, au Carreau du Temple. Pour célébrer l’anniversaire des quinze ans du salon, “Hyperdrawing” place le dessin au sein de l’espace réel de l’exposition, animé par le corps de l’artiste. Les œuvres exposées sont issues d’une performance effectuée pendant la durée de l’exposition, ou bien sont réalisées sur place avant l’ouverture des portes. Par exemple, Emmanuel Béranger laisse la trace du graphite tenu dans sa main en sautant devant un mur. La foire fête également les 10 ans du Prix Drawing Now « qui positionne ces artistes en tant que dessinateurs contemporains », explique Christine Phal. En attendant la sélection finale, les œuvres des artistes sélectionnés pour l’édition 2022 –Alice Anderson, Marion Charlet, Kubra Khademi, Lenny Rébéré, Karine Rougier et Claire Trotignon – sont mis en lumière lors du salon.
Le Mois du dessin devient le Printemps du dessin
Christine Phal, présidente et fondatrice de la Drawing Now Art Fair, à l’origine de l’initiative du Mois du dessin lancé en 2018, va encore plus loin dans la promotion de cet art et pour donner plus de visibilité aux artistes contemporains. « Drawing Now lance le Printemps du dessin en remplacement du Mois du dessin. L’idée est de référencer entre le 21 mars et le 30 juin, au niveau national, tout ce qui se passe à la fois dans les musées, les centres d’art, les monuments nationaux… les moments forts où les artistes rencontrent des populations qu’ils ne croisent pas forcément dans leurs expositions. Nous désirons favoriser l’ouverture à la culture contemporaine à partir du dessin qui est un médium facile à mettre en œuvre », explique-t-elle. « Le dessin est beaucoup plus intégré à l’art contemporain qu’il ne l’était il y a quinze ans, conclut la directrice de Drawing Now Art Fair, d’art mineur, il est passé à un art majeur, reconnu dans les grandes foires comme Art Basel.