Luxe

Cartier un félin porte-bonheur

Depuis plus de cent ans, la panthère transcende les créations Cartier. Cet animal sauvage à l’esprit libre anime tous les métiers de la maison, de la joaillerie à l’horlogerie en passant par les parfums et les objets de décoration.

Broche-pince panthère, commande de 1949 avec un saphir de 152,35 carats

 

L’histoire

L’esthétique de la panthère fit son apparition chez Cartier dès 1914 avec une montre-bracelet femme dont le cadran tacheté de diamants et d’onyx reproduisait le pelage du félin. Puis, Jeanne Toussaint croisa le destin de Louis Cartier qui la propulsa directrice de la création en 1933. Cette égérie du Paris créatif de l’époque, surnommée la Panthère pour son esprit aiguisé et sa détermination, métamorphose le félin en volume sur le bijou, celui-ci ayant auparavant toujours été représenté à plat, de façon figurative ou abstraite. Avec le dessinateur Pierre Lemarchand qui se rendait souvent au zoo de Vincennes, Jeanne Toussaint forge, dans les années 1940, une nouvelle silhouette sculpturale : la panthère fière et puissante. Ensemble, ils métamorphosent le motif pour en faire l’un des bijoux les plus évocateurs du XXe siècle. De cette nouvelle esthétique, naissent deux broches mythiques, datées de 1948 et 1949, toutes deux acquises par le duc et la duchesse de Windsor. Dans l’intégralité de son anatomie, la panthère prédatrice se dresse sur un impressionnant cabochon d’émeraude de plus de 116 carats pour la première et sur un fascinant saphir du Cachemire de 152,35 carats pour la seconde. Le mythe Panthère de Cartier était né. Le premier bracelet Panthère en diamants et saphirs vit le jour en 1958, son acheteur n’était autre que l’Aga Khan. Puis, l’extravagante actrice mexicaine María Félix, en 1967, s’offre également un bracelet avec deux têtes de panthères ainsi qu’une broche.

L’horlogerie

Lancée en 1983, la montre Panthère en or jaune renouvelle le principe de la montre-bijou. Elle tient son nom du bracelet extra-souple composé d’une succession de maillons galbés et polis qui suggère la manière dont l’animal emblématique de la maison se déplace. Depuis, de nombreuses variations ont vu le jour, dont de nouveaux modèles plus précieux, sertis de diamants, d’onyx et d’émeraudes. La tête de l’animal, tout en volume, semble veiller sur le cadran du garde-temps. En haute horlogerie, Cartier imagine, en 2018, le modèle Révélation d’une Panthère qui explore la technique du sablier. Les mouvements du poignet font apparaître et disparaître la tête du félin au cœur du cadran composé d’une multitude de petites billes en or.

 

La Parfumerie

Fragrance à la fois florale et ambrée emblématique de la parfumerie contemporaine, Panthère voit le jour en 1986. En 2014, Mathilde Laurent, le parfumeur de la maison, imagine une nouvelle essence baptisée La Panthère dont la composition est construite autour du gardénia, ponctuée de notes fraîches et florales. Un fond de mousse de chêne, un accord chypré et du musc blanc enveloppent l’ensemble. Présenté comme un « floral fauve », cet élixir incarne une « panthère de jour » selon sa créatrice, un jus traité sous un angle lumineux plutôt que sombre et mystérieux. Au cœur du flacon de verre, une sculpture intérieure dessine la panthère, majestueuse et fascinante.

L’Art de vivre 

Le joaillier de la rue de la Paix tire de ce célèbre symbole félin une foule d’objets destinés à embellir la maison. Lignes pour le bureau, la table ou le salon, l’animal, peint à la main ou tissé dans du cachemire, se « balade » sur des plateaux, des coussins, des plaids, dans des pots à crayons, vases, bols et autres tasses.

 

La joaillerie 

Dans les années 1980 et 1990, la panthère est plus que jamais au goût du jour, avec notamment une manchette et un torque bicolore et des pendentifs de panthères molles reprenant le dessin de la broche de Daisy Fellowes qui fut une grande cliente de la maison et directrice du bureau parisien du Harper’s Bazaar dans les années 1930. Depuis plus de vingt ans, Cartier ne cesse de réinterpréter sa bête fétiche sous différentes formes. Que ce soit de manière graphique, comme une bague en or jaune où seules les lignes sont dessinées, ou dans un style hyperréaliste, à l’image du bracelet La Panthère, de boutons de manchette, d’un pic à cravate ou d’un bijou de pochette de veste. Aucune collection de haute joaillerie n’est imaginée sans un ou plusieurs bijoux incarnant la panthère, à l’instar du collier Panthère Givrée en aigues-marines, lapis-lazuli, onyx, émeraudes et diamants du dernier opus Le Voyage Recommencé.

Bague Panthère de 2014 en hommage aux 100 ans de la collection. © VINCENT DE LA FAILLE / CARTIER

Chez le joaillier, tout contribue au réalisme de la panthère, jusqu’à l’ultime détail, ce pelage si soyeux dont Cartier donne l’illusion grâce à son serti dit « pelage », une technique joaillière qui demande une très étroite collaboration entre le joaillier, le lapidaire et le sertisseur. Le joaillier sculpte le métal et élabore la structure du bijou ; le lapidaire taille les pierres fines ou précieuses une à une et au format sur mesure pour créer le motif peau de panthère ; le sertisseur monte ces pierres taillées dans leur emplacement respectif et, avec un geste précis, recrée l’effet naturel de la fourrure. Chaque pierre est encerclée de minuscules grains de métal qui la maintiennent en place, puis les grains sont étirés et recourbés pour être transformés en fils qui donneront l’impression du poil de l’animal. Le positionnement du métal doit être subtil, afin que la vue d’ensemble ne soit pas alourdie par le sertissage mais qu’il s’harmonise avec la forme générale pour mettre en valeur la personnalité de la panthère.

 

Collier Panthère Givrée du dernier opus Cartier, Le Voyage Recommencé

Par Fabrice Léonard - Publié le

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