Joaillerie

Chaumet 237 ans d'exception française

La publication d’une somptueuse monographie consacrée au joaillier souligne la richesse créative de la célèbre maison du 12, Place Vendôme, acteur majeur du patrimoine du luxe hexagonal.

Lier passé et présent, voilà la clé du succès de Chaumet. Une volonté mise en lumière à travers le nouvel ouvrage consacré au joaillier. Cette maison a su élever ses plus belles créations au rang de chefs-d’œuvre des arts décoratifs et s’imposer comme un acteur majeur de l’histoire du goût et d’un certain art de vivre à la française. Riche d’une iconographie nouvelle présentant les créations phares de 1780 à nos jours, et bénéficiant d’un fonds d’archives inédites et fascinantes, ce livre, rédigé sous la direction de Henri Loyrette (ancien directeur du musée d’Orsay puis du musée du Louvre et spécialiste de l’art du XIXe siècle), met en évidence les langages et les éléments constitutifs du style Chaumet, ainsi que les dialogues stylistiques des créateurs ayant travaillé pour la maison comme Robert Lemoine, René Morin ou Xavier Rousseau, suivant leurs époques respectives et les courants artistiques qui les animaient.

Chaumet

12 Place Vendôme, 75001, Paris Tel : 01 44 77 24 24 www.chaumet.com/fr
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La création fut – et est – toujours au cœur de la maison Chaumet. L’actuelle équipe artistique, dirigée par Claire Dévé-Rakoff, a l’immense chance et le grand privilège de “voyager” régulièrement dans des archives complètes et intactes, composées de plus de 500 000 dessins, d’au moins un million de photos originales de bijoux et, bien sûr, de parures. Les colliers de diamants de l’impératrice Eugénie, le diadème aux fuschias dit Bourbon Parme en platine et diamants, la montre de revers dite Régence en platine, cristal de roche dépoli, émeraudes, diamants et émail de 1924 ou le bracelet serti d’une émeraude de 111 carats que s’est offert Sacha Guitry en 1924 sont, par exemple, dans le musée de la maison, fonds historique soigneusement entreposé place Vendôme et continuellement enrichi. « Pour parvenir à transmettre l’excellence, il faut garder mémoire de tout, estime Béatrice de Plinval, conservatrice du musée et du patrimoine de Chaumet. C’est la seule façon de pérenniser aussi bien notre patrimoine stylistique que notre savoir-faire, lesquels rendent cette maison forte et puissante. Sans ces archives, qui aident à s’imprégner de l’esprit Chaumet pour le faire évoluer dans le futur, on ne peut analyser et décortiquer l’âme d’une maison de luxe. » Dont acte. Lorsque Chaumet présenta la collection Joséphine, elle rendit hommage à l’impératrice qui lui porta chance et à la période qui vit le joaillier devenir une référence. Le fondateur, Marie-Étienne Nitot, se fit en effet remarquer par Bonaparte, alors Premier Consul, en retenant dans la rue la bride de son cheval qui s’emballait. Reconnaissant, le futur empereur lui confia la réalisation de son épée consulaire sertie du fameux diamant le Régent, puis des joyaux destinés à son couronnement et à celui de Joséphine, elle-même déjà cliente. N’est-elle pas apparue coiffée d’un diadème à feuilles de laurier sacrant (si l’on peut dire) à son tour Nitot comme joaillier officiel de l’Empire ? La collection Joséphine, en l’honneur de l’impératrice, qui fut la première grande cliente de Marie-Étienne Nitot, le fondateur de Chaumet en 1780, s’inspire de la forme du diadème pour des bijoux de tête et des bagues.

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Imaginée pour couronner les 230 ans de la maison, la collection égrène la thématique du diadème, pièce d’aristocrate par excellence et savoir-faire emblématique de Chaumet dont un grand nombre sont photographiés dans la monographie. Douze bagues uniques ainsi que des modèles plus quotidiens reprennent la forme de ce bijou de tête comme de ses variantes (bandeau, couronne, aigrette, tiare…), tandis que deux diadèmes exceptionnels, sertis d’un diamant blanc et d’un impressionnant diamant jonquille, sont gravés de phrases tirées de lettres enflammées de Napoléon à Joséphine. La boucle du temps est dignement bouclée, tant cette collection atteste que l’on peut lier passé et présent sans sombrer dans le rétro, une ligne de conduite devenue la clé du succès actuel de Chaumet que trois des acteurs du joaillier ont comprise et mise en œuvre. Jean-Marc Mansvelt, l’actuel P.-d.g., Claire Dévé-Rakoff, la directrice de la création, et Béatrice de Plinval, conservatrice du musée et du patrimoine de Chaumet, entrée en 1968 au bureau de style du joaillier, tiennent à cette légitimité créative. Avec l’aide des ateliers, ils ont réussi à reconstruire l’aura de cette maison qui est une grande marque du patrimoine du luxe français. Riche de ces trésors, la griffe a renoué avec les bijoux sentimentaux (collections Liens, Attrape-moi… si tu m’aimes, Le Grand Frisson) chers à Chaumet, mais aussi avec les pierres de couleur, l’asymétrie, les codes naturalistes – on pense immédiatement à la récente collection Hortensia – et les mélanges. Et n’hésite pas s’amuser en proposant des colliers articulés qui se transforment en broches, à inventer un jeu amoureux entre les araignées de saphirs et les abeilles en diamants. Avec sa dernière collection de haute joaillerie Chaumet est une Fête, la maison célèbre son savoir-faire à travers des parures qui illustrent avec brio son style, fait de mouvements, de volumes et de surprises comme le nœud généreux, le drapé incandescent, la guirlande de feuillage, le feu d’artifice de couleurs pastel et les volutes en trois dimensions. Autant de détails précieux qui contribuent à l’audace et au caractère spécial des joyaux Chaumet, tous condensés dans le magnifique ouvrage qui lui est dédié.

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Par Fabrice Léonard. Photos : Chaumet/Bruno Ehrs & Bruno Ehrs/Flammarion - Publié le

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