Joaillerie

Trinity de Cartier 100 ans d'une icône contemporaine

Le trait est sans concession. La ligne est pure et précise. Trinity de Cartier souffle ses 100 bougies. L’occasion pour le joaillier de dévoiler une nouvelle géométrie de son emblématique création.

Comment les trois anneaux entrelacés en platine, or jaune et rouge imaginés par Louis Cartier sont-ils devenus un mythe joaillier ? Par leur design épuré ? Par la simplicité de leurs formes ? Par la symbolique qu’ils dégagent ? Un peu des trois sans doute. L’histoire débute en 1924. L’alchimie esthétique de
ces cercles d’apparence simple – bombés à l’extérieur, lisses à l’intérieur – et la façon dont ils s’imbriquent et glissent sur le doigt sont tout simplement fascinantes et révolutionnaires. Le minimalisme du bijou, en totale rupture avec les goûts et les codes de la joaillerie de l’époque, surprend. D’abord, parce que les joyaux étaient empierrés et encore richement décorés d’ornements baroques malgré les balbutiements du courant Art déco. Ensuite, parce que la démarche d’une maison comme Cartier, connue pour ses parures de haute joaillerie, est audacieuse. Elle dévoile une création d’une incroyable simplicité dénuée de toute pierre précieuse et proposée à un prix beaucoup plus abordable qu’un ensemble en diamants. La même année, un bracelet aux contours similaires à la bague voit le jour. Son succès est immédiat, aux États-Unis surtout.

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Trinity Modulaire se porte en bague le jour et, le soir, dévoile
ses diamants en pendentif.

Il séduit de riches clientes telles la célèbre décoratrice Elsie de Wolfe ou l’actrice Kendall Lee, photographiée en 1925 dans le Vogue américain, qui sur- nomme ce bijou Trinity. C’est seulement en 1997 que ce mot deviendra le nom officiel des bijoux “trois anneaux, trois ors” de Cartier. Les lignes universelles et la facette unisexe de Trinity ont les faveurs de l’acteur américain Gary Cooper qui l’adopte également. Contrairement à une légende plus que persistante, le poète-cinéaste-dramaturge Jean Cocteau n’a pas dessiné la bague Trinity de Cartier. Mais il la popularise en raison d’un cliché où il arbore ostensiblement à l’auriculaire non pas une, mais deux bagues achetées au joaillier parisien. Puis, Alain Delon, Romy Schneider, Grace Kelly, Lady Di portent cette bague trois anneaux qui séduit aujourd’hui Emmanuel Macron, Kate Middleton ou Kylie Jenner. Au cours de sa longue vie, Trinity se réin- vente sans cesse. Les anneaux doublent d’épaisseur, sont tachetés de laque rappelant le pelage de la panthère, l’animal fétiche de Cartier. Les trois anneaux se démultiplient, sont sertis de diamants blancs, jaunes ou roses. Un des cercles est imaginé en céramique noire. Les trois anneaux en format XS sont montés sur cordon de soie pour se glisser au poignet… Toutes les folies esthétiques sont possibles sans que jamais sa forme originelle soit modifiée. En 2022, Chitose Abe, la créatrice de la marque japonaise de mode Sacai, s’approprie la collection Trinity. Fruit d’un travail de déconstruction des fameux anneaux en or gris, rose et jaune, elle invente des portés inédits.

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Romy Schneider avec la bague Trinity 

Les anneaux s’étirent, se déployant sur les doigts de la main. La designer transforme Trinity en boucle d’oreille unique aux portés multiples. D’autres variations s’enroulent autour du cou ou encerclent les poignets pour un effet “désentrelacé”. Pour fêter les 100 ans de son icône joaillière, Cartier dévoile les fameux trois anneaux aux angles affirmés plutôt carrés, dits “coussins”, selon la grammaire lexicale de la maison, sur des bagues, des bracelets et des pendentifs. Cartier réédite également le bracelet et la bague originels Trinity dans une variation XXL. Dernière surprise : Trinity Modulaire. « Cette bague résulte d ’une approche contre-intuitive du design : construction puis déconstruction », détaille Marie-Laure Cérède, directrice de la création joaillerie et horlogerie de Cartier. « Comme dans un casse- tête kumiki, dans lequel chaque pièce de bois s’emboîte parfaitement, nous avons imaginé les anneaux de Trinity imbriqués pour former une structure unique, puis nous les avons rétro-conçus pour la déconstruire en trois parties. Une solution qui crée naturellement de multiples façons de porter la même bague, c’est ce qui rend cette version de Trinity si contemporaine et d’autant plus universelle. Portez la bague entière pour un look de jour discret, puis déliez les anneaux le soir pour révéler ses diamants ». À coup sûr, Trinity nouvelle vague va déferler sur le monde entier !

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Alain Delon avec la bague Trinity

Rencontre Pierre Rainero : Directeur de l’image, du style et du patrimoine de Cartier 

Pouvez-vous nous raconter la naissance de Trinity ?

Pierre Rainero : « C’est une grande surprise lorsque cette bague est exposée dans les vitrines de la boutique rue de la Paix. Mais elle est en totale logique avec la nature même de la vision créative de Louis Cartier qui aimait les formes essentielles, claires et épurées. Louis Cartier souhaitait offrir des objets qui s’inséraient naturellement dans le quotidien de ses contemporains. La bague Trinity ne s’enlève pas, elle se mêle à d’autres créations et se porte du matin au soir en toutes circonstances. Elle participe à l’intimité de son propriétaire. On joue avec. Et c’est un objet qui n’est réservé ni aux femmes ni aux hommes. Louis Cartier pense que la maison, outre sa vocation à proposer des pierres d’exception, se doit de créer des objets pas forcément onéreux dans la mesure où ils sont porteurs d’une idée créative, d’une dimension d’élégance. La bague Trinity est magique: portés, les trois anneaux roulent sur le doigt, posés sur une table, ils s’imbriquent naturellement et mystérieusement, car per- sonne ne comprend leur fabrication. Et puis Trinity est porteur de symboliques multiples: l’amour, l’amitié, l’intimité… »

Quelles variations de Trinity ont-elles vos faveurs ?

Pierre Rainero : « J’aime beaucoup les versions avec des taches de laque en référence au pelage de la panthère, avec un seul anneau en céramique noire ou avec un serti dit étoilé. Ou la multiplication des anneaux par nombre impair. Dès les années 1920, 1930, les “trois anneaux, trois ors” sont devenus un symbole esthétique majeur de Cartier. Je pense à des ornements sur une pendulette ou un lien dans la construction d’un collier. Sans oublier le briquet cerclé des trois cercles dans les années 1970. »

Est-il aisé de faire évoluer une telle icône ?

Pierre Rainero : « Oui… et non! Trinity n’est pas seulement un exercice de style, ce bijou est soumis à des contraintes techniques. Les anneaux doivent pouvoir s’enrouler les uns dans les autres pour rouler sur le doigt. Nous avons réussi le pari du confort extrême avec ces nouveaux angles adoucis grâce au talent de nos dessina- teurs et de nos artisans. Quand vous êtes joaillier, vous êtes imprégné par la quête de la douceur absolue du bijou. Il ne doit ni blesser ni contraindre le corps. »

Comment l’idée des cercles dits “coussins” est-elle née ?

Pierre Rainero : « Le carré aux angles arrondis est une forme Cartier par excel- lence. Nous créons des carrés perçus comme tels mais qui n’en sont pas car ils se doivent d’être doux. De doux carrés en somme à l’image des contours de la montre Santos. »

Pour les 100 ans de Trinity, quels événements prévoyez-vous ?

Pierre Rainero : « D’abord, nous lançons la nouvelle collection à Paris, Londres et New York, trois villes majeures dans l’histoire de Cartier. Le chiffre trois est important dans la maison: les trois frères Cartier, les trois anneaux… Et nous préparons des événements artistiques, mais je ne peux pas en dire plus… »

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