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Beaupassage, un Jardin d'Epicure

Inauguré fin août, Beaupassage redonne vie aux passages parisiens d’antan en conjuguant art contemporain, environnement paysager de toute beauté et artisanat gastronomique de haute volée. Ce passage à ciel ouvert est aussi un monde de passeurs de saveurs pour retenir les simples passants.

Beaupassage est un Jardin d’Épicure, un lieu atypique qui entrelace les plaisirs sensuels et intellectuels, l’art, les perspectives paysagées et les plaisirs de bouche, en revenant à ce particularisme parisien qu’est le passage. Paris est en effet la première ville au monde à s’en être dotée à la fin du XVIIIe siècle, et celle qui en compte toujours le plus, même s’il n’en reste que dix-sept sur les 240 qu’elle recensait avant les vagues successives d’urbanisation. Accessible par trois entrées, Beaupassage a nécessité plusieurs années de travaux pour devenir cet îlot enchanté qui offre aux visiteurs une expérience multi-sensorielle conjuguant la nourriture de l’âme et les plaisirs gourmands. Son promoteur, le groupe immobilier Emerige, a coalisé une équipe d’architectes de premier plan pour unifier un tout hétéroclite, comme l’explique Laurent Dumas, son président : « Il y a sept ans, lorsque s’est présentée l’occasion de réunir deux parcelles dans le Paris historique du 7e arrondissement, nous y avons vu l’opportunité de redonner vie à un lieu patrimonial chargé d’histoire et de faire rayonner à nouveau des bâtiments historiques considérés comme remarquables. Pour réaliser cette opération de couture urbaine, nous nous sommes appuyés sur des équipes pluridisciplinaires, à commencer par les architectes, qu’il s’agisse du corps des architectes des Bâtiments de France, de Franklin Azzi ou de Frédéric Bourstin. »

Beaupassage

53, 57 Rue de Grenelle, 75007 Paris www.beaupassage.fr
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Sur 10 000 m2, Beaupassage réunit plusieurs strates d’histoire et de mutations urbaines, qui se traduisent par la pluralité des bâtis (XVIIIe siècle, années 1930 et style industriel) et des matériaux (brique, fer, verre, pierre). Pour harmoniser le tout, Michel Desvigne, pointure mondiale du paysagisme, a sculpté un environnement arboré composé d’une soixantaine de variétés de plantes, de fleurs et d’arbres d’Ile-de-France, écrin végétal qui sublime les œuvres d’art in situ. À commencer par Les Deux Chênes de Fabrice Hyber, une œuvre bicolore réalisée à partir de deux moulages d’un arbre tricentenaire de son domaine vendéen, frondaison fantasmagorique sous laquelle s’engage le visiteur.

L’entrée du boulevard Raspail fait pénétrer dans le monde onirique de la sculptrice Eva Jospin La Traversée, une forêt de carton déployée tout au long d’un corridor de trente mètres. Cette création mène droit à L’Arbre Neuronal de Marc Vellay, une œuvre monumentale en bronze qui traduit la passion de l’artiste pour l’iconographie scientifique. Encore quelques pas, et l’on découvre Les Mangoustes de Beauvais du sculpteur sur pierre Stefan Rinck, un hommage au documentaire de Chris Marker, Alain Resnais et Ghislain Cloquet en 1953, Les Statues meurent aussi, qui dénonçait alors le manque de visibilité des arts africains. Ces trois frimousses de gargouilles primitives, semblent nous inviter à profiter des délices à consommer sur place, à l’Allénothèque de Yannick Alléno, le Picasso des pianos, qui fusionne sur trois étages un restaurant bistronomique, une cave à vin et une galerie d’art ; au restaurant Mersea du chef finistérien Olivier Bellin et sa carte maritime ; à La Boulangerie Thierry Marx et sa farandole de pains pétris sur place ; à la Boucherie-Restaurant d’Alexandre Pommard, dont les viandes paraît-il sont identifiables par les grands chefs les yeux fermés ; à la Fromagerie Barthélémy qui fournit notamment la table de l’Élysée ; au Café Pierre Hermé, pour savourer des macarons dans une déco soignée de Laura Gonzalez. Car chaque artisan a sollicité de grands designers pour mettre en forme son espace. Mathieu Lehanneur signe le Daily Pic, la cantine gourmande d’Anne-Sophie Pic, et le collectif Onndo, (regroupement des studios Nomura et Nendo) l’enseigne japonaise %arabica, dédiée au café de qualité dans toutes ses expressions. Et pour brûler ses calories, on pousse la porte du club d’Abdoulaye Fadiga, le préparateur physique des champions de haut niveau, qui dispose de toutes les infrastructures pour faire du visiteur de Beaupassage l’allégorie vivante du Mens sana in corpore sano.

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Par Florence Halimi. Photos : Charlotte Donker / Anne-Emmanuelle Thion - Publié le

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