Rendez-vous parfumé à Solférino Paris
Pouvez-vous nous raconter le projet Solférino Paris ?
Deux idées en sont à l’origine. D’abord, lorsque Interparfums s’est installée dans de nouveaux locaux au 10, rue de Solférino, il nous a paru naturel de rendre hommage à ce bâtiment à l’architecture incroyable et mythique – il fut longtemps le siège du Parti Socialiste – en concentrant tous les codes esthétiques parisiens dans des parfums. Nous souhaitions que chaque fragrance, inspirée par la beauté de ce joyau architectural, soit le reflet du raffinement parisien. Pendant plus de deux ans, nous avons travaillé sur les compositions olfactives, les lignes des flacons, les packagings, les codes couleur à partir des détails de l’édifice qui abrite nos bureaux pour que Solférino Paris paraisse légitime et fasse sens, afin que les grand public y trouve le raffinement typiquement parisien et se dise, en achetant un des dix parfums : « Je rapporte un bout de Paris avec moi. » En parallèle, j’avais noté l’essor important des Maisons de parfums exclusifs depuis une dizaine d’années. Je me suis dit : pourquoi pas nous ?
Pouvez-vous nous décrire les dix fragrances de la collection ? Pourquoi avoir choisi ce nombre dès le début ?
Le nom de la Maison et le nombre de parfums font référence à notre adresse : 10, rue de Solférino. Une des essences est d’ailleurs baptisée 10 Solférino, et sa composition tourne autour de la rose. Est-ce inconscient ou s’agit-il d’une coïncidence ? Je ne sais pas, mais, en tout cas, la rose fut l’emblème du Parti Socialiste, qui a occupé cette adresse pendant des décennies. Nos fragrances sont numérotées de 01 à 10 et portent toutes des appellations qui évoquent des moments et lieux parisiens, comme Thé au Palais Royal, qui met en lumière le thé Oolong, Folies à Montmartre, et ses accents cuirés, ou encore Minuit Rue Princesse, un oud ambré.
Le sceau S10, gravé dans le verre du flacon, aux facettes subtilement arrondies, et le soleil sur le capot constituent autant de luxueux détails qui magnifient l’ensemble et impriment l’identité de Solférino Paris. Un ruban vert, délicatement noué autour du col, ajoute une touche de raffinement discret. Le design du flacon et de l’emballage est signé par la Maison parisienne Carré Basset, avec laquelle nous collaborons souvent, et s’inspire de l’architecture des hôtels particuliers parisiens. Je pense que, dans l’avenir, de nouvelles fragrances viendront enrichir le catalogue olfactif de Solférino Paris. Une onzième est déjà en préparation.
Chaque fragrance est-elle genrée ?
Non. À notre époque, cette distinction est obsolète. Elle a d’ailleurs tendance à disparaître depuis une dizaine d’années. Certains vêtements échappent désormais à cette classification. Si une veste tombe parfaitement, qu’importe qu’elle soit issue de la ligne femme ou homme, cela ne pose aucun souci, du moment qu’elle vous va. Mais, si tous les parfums dits masculins vont aux femmes, qui en sont d’ailleurs très friandes, l’inverse n’est pas totalement vrai lorsque certaines de leurs matières premières font référence immédiatement à la féminité, comme la rose, par exemple.
Qui sont les parfumeurs qui ont imaginé ces fragrances?
Ils sont au nombre de dix. Encore ce nombre porte bonheur. Je connais très bien tous ces artistes des senteurs, car je travaille très régulièrement avec eux sur les nombreux projets pour Interparfums.
Nous souhaitions que chaque fragrance soit le reflet du raffinement parisien.
Nous leur avons demandé d’imaginer trois compositions pour chaque fragrance inspirée d’un lieu ou d’un instant parisien. Puis nous avons fait le choix définitif ensemble. Un travail à la fois merveilleux et excitant, qui a duré deux ans. Parmi eux, Nathalie Lorson a signé Rêverie sur Seine, un néroli boisé, Shyamala Maisondieu a imaginé Un Baiser Place Vendôme, un santal irisé, Anne Flipo a créé Coup de Foudre Quai Voltaire, une composition ambrée-boisée.
Pouvez-vous nous parler la boutique Solférino Paris, qui vient d’ouvrir ?
L’espace, situé au 310, rue Saint-Honoré, est un véritable écrin. Son aménagement à la fois précieux et contemporain reprend tous les codes des locaux de la rue de Solférino.
Au sol, le damier composé de marbre noir Marquina et de pierre de Combe Brune fait écho au hall du 10 Solférino. Les murs alternent pierre de taille et tissus beige crème. Les niches habillées de Toile de Laque dorée complètent l’ensemble.
Au centre de la boutique, les visiteurs plongent dans l’univers olfactif de Solférino Paris grâce à une élégante table de découverte. Sur ses deux pieds octogonaux facettés, elle réunit les dix fragrances, à découvrir sur céramiques ou sur touches à parfumer, ainsi que les deux bougies de la collection. L’espace est ponctué de chaises hautes en velours vert et aux piètements dorés, qui ajoutent une note de confort raffiné. À l’arrière de la boutique, une cloison galbée, en laque dorée et ornée de l’emblème solaire, cache un salon intimiste et chaleureux, habillé de tons crème et d’une moquette moelleuse.
Véritable parenthèse hors du temps, cet espace plus confidentiel offre un cadre privilégié pour échanger avec les experts de la Maison.
L’endroit est lumineux, solaire, presque “glitter”, alors que les boutiques voisines des autres Maisons de parfums sont pensées dans une veine sombre et minimaliste. La tendance de la boutique de Solférino Paris est plus Roi-Soleil que Rem Koolhaas (sourire).
Interparfums célèbre ses 42 ans. Quel regard portez-vous sur l’évolution de l’univers du parfum ? Et que souhaitez-vous au groupe pour le futur ?
Depuis l’après-Covid, le milieu est devenu très concurrentiel, car les grands acteurs du retail sont sans cesse en demande de nouveautés innovantes et surprenantes. Et nous devons les satisfaire. À l’opposé, un changement majeur s’est opéré : l’essor des collections de fragrances exclusives, qu’elles soient créées par des Maisons indépendantes ou des grands noms du luxe. La parfumerie d’auteur, avec des essences très travaillées, rencontre un véritable succès, qui devrait encore s’accentuer dans les prochaines années.
Pour l’avenir, je souhaite à Interparfums de continuer à progresser dans tous les domaines, qu’ils soient créatifs, olfactifs ou financiers. Et que Solférino Paris rayonne.
Vous aimerez sûrement les articles suivants…
