Exposition

Carte blanche au George Eastman Museum L’une des plus anciennes archives cinématographiques au monde

La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé célèbrera, du 11 au 31 octobre 2023, l’illustre George Eastman Museum, le plus ancien musée de photographie du monde qui possède l’une des plus anciennes archives cinématographiques au monde. Cette carte blanche sera l’occasion, pour le public de la Fondation, de découvrir des pépites du cinéma muet américain. Tod Browning, Cecil B. DeMille, Maurice Tourneur, Monta Bell, Erich von Stroheim… seront à l’honneur dans ce programme hétéroclite qui révèlera des chefs-d’œuvre du muet accompagnés au piano.

Le George Eastman Museum, qui fêtera l’année prochaine son 75e anniversaire, possède l’une des plus anciennes archives cinématographiques au monde. C’est à James Card (1915-2000), son fondateur, que l’on doit la préservation d’œuvres cinématographiques parmi les plus célèbres, telles que The Big Parade(La Grande Parade, 1925) et The Crowd (La Foule, 1928) de King Vidor, ainsi que de nombreux films muets de Greta Garbo, Lon Chaney, Gloria Swanson ou encore Louise Brooks.

Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

73 avenue des Gobelins, 75013 Paris Tel : +33 1 83 79 18 96 www.fondation-jeromeseydoux-pathe.com/
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Pour cette carte blanche, le George Eastman Museum a choisi de présenter la première collaboration entre Tod Browning et Lon Chaney, The Unholy Three (Le Club des trois, 1925), un complexe mélange psychologique d’horreur, de crime et de mélodrame. Dans les années 1940 et 1950, alors que le cinéma muet américain était souvent rejeté par les cinéphiles – à l’exception de certains auteurs comme Griffith, von Stroheim ou Chaplin – James Card était déterminé à rassembler les œuvres cinématographiques de cinéastes tels que Browning, Cecil B. DeMille, Maurice Tourneur et Monta Bell. Il a ainsi obtenu la collection personnelle de films de DeMille permettant de préserver ses mélodrames, ses « comédies sexuelles » et ses épopées bibliques. Pour cette carte blanche, le public pourra découvrir le trop méconnu Chimmie Fadden Out West (Chimmie Fadden dans l’Ouest, 1915), un film d’une élégance et d’une subtilité rares pour une comédie américaine des années 1910.

Exemple unique de symbolisme sur les écrans américains, The Blue Bird (L’Oiseau bleu, 1918) de Maurice Tourneur est une adaptation fidèle et sombre de la pièce de Maurice Maeterlinck. James Card est parvenu à acquérir une copie nitrate de la Cinémathèque française par l’intermédiaire de son ami Henri Langlois, mais il a fallu des décennies pour restaurer le film en couleur, en reproduisant ses magnifiques teintages et virages. La proximité de l’usine et du laboratoire de recherche Kodak a permis au musée de constituer une collection admirable et variée de formats et de technologies de films rares des débuts du cinéma. Stage Struck (Vedette, 1925) d’Allan Dwan montre non seulement Gloria Swanson en charmante comédienne terre-à-terre, mais aussi les débuts du Technicolor dans toute sa splendeur. Lonesome (Solitude, 1928) de Paul Fejos, avec sa cinématographie à couper le souffle et une combinaison exubérante de teintages et de couleur au pochoir, ainsi que l’une des premières bandes sonores synchronisées, est souvent considéré comme l’un des derniers chefs-d’œuvre du cinéma muet américain.

Les films muets tardifs occupent également une place de choix dans la collection du musée. Certains sont de célèbres chefs-d’œuvre du cinéma, comme The Docks of New York (Les Damnés de l’océan, 1928) de Josef von Sternberg. La copie 35 mm qui sera projetée à la Fondation a été tirée en 1951 à partir du négatif caméra. C’est aujourd’hui le meilleur élément qui subsiste de ce grand film. En revanche, Man, Woman and Sin (1927) de Monta Bell, avec John Gilbert et la grande vedette de Broadway Jeanne Eagels, sera projeté dans une toute nouvelle restauration numérique. Autre film marquant du cinéma muet, Queen Kelly (La Reine Kelly, 1929) d’Erich von Stroheim, n’a jamais été achevé en raison du renvoi de son réalisateur par la star du film, Gloria Swanson. Swanson a réclamé une nouvelle fin plus conventionnelle, mais même cette version restitue la poésie et la perversion du chef-d’œuvre de von Stroheim. Le George Eastman Museum a conservé non seulement la copie personnelle de Swanson, mais aussi 23 minutes de la seconde partie du film, qui n’a pas été achevée.

Parmi les autres raretés sélectionnées par le musée, citons The Shakedown (L’École du courage, 1929) de William Wyler, un mélodrame que l’on croyait perdu depuis longtemps et qui a miraculeusement refait surface dans une collection privée, The Girl Without a Soul (La Fille sans âme, 1917), réalisé par le brillant John H. Collins, qui périt lors de la pandémie de grippe de 1918 à l’âge de vingt-huit ans, et Borderline(1930), un film expérimental mettant en scène Paul Robeson et réalisé par un groupe d’intellectuels britanniques en Suisse.

Et comme le dit Peter Bagrov, conservateur au George Eastman Museum, « les grands films ne sont pas des longs métrages », deux sélections de courts métrages devraient le prouver. L’une se concentre sur ce que l’on appelle la « première avant-garde américaine », un atout indéniable de la collection du George Eastman Museum. La seconde est délibérément éclectique, opposant Max Linder, László Moholy-Nagy et le toujours imprévisible Charley Bowers.

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