Exposition

Slow Galerie Une série de 80 gravures-poèmes de Naoko Tsurudome

Du 12 octobre au 14 novembre, Naoko Tsurudome expose « L’histoire continue » une série de 80 gravures à l’eau-forte. Exposer 80 gravures est une prouesse de créativité mais aussi de virtuosité quand on sait la complexité du travail que cela représente. Chaque dessin est issu d’une plaque de cuivre qui est travaillée à l’acide par bains successifs, le dessin s’incruste sur la plaque qui sert de matrice, cette matrice encrée et passée sous presse dépose le dessin en négatif sur le papier.

 

Slow Galerie

5 Rue Jean-Pierre Timbaud, 75011, Paris
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On comprend la patience et la passion qui anime Naoko et cette émotion particulière qui s’imprime dans chacun de ses dessins. Dans « L’histoire continue », un lien subtil et délicat relie les gravures les unes aux autres, tout commence sur un fond bleu turquoise avec une petite enveloppe rouge, et l’histoire continue, menée par un hérisson, une souris, un éléphant, un bateau, un escargot, un oiseau… qui voyagent de dessins en dessins. Naoko sous-titre chacune de ses gravures d’une phrase en forme de haïku, comme un très court poème, qui donne à l’image tout son sens. C’est l’assemblage image et texte qui devient l’œuvre complète. Dans cette exposition comme dans tout son travail, les mots ont une importance cruciale ; ils sont indispensables pour appréhender l’œuvre dans sa totalité. « L’Histoire continue » parle de la vie et de la mort, du monde et de soi, de ce fil, sans début, ni fin, qui nous retient à l’espoir et à la joie. Il faut lire et relire le texte écrit par Naoko où chaque mot pèse et distille un sens et une poésie immenses, il se suffit à lui-même et se passe de tout commentaire : Quelque chose t’arrive. Quelque chose de joyeux, d’amusant, de plaisant, de ravissant, qui te fait regarder dans le ciel couchant la couleur changeante qui n’a pas de nom, qui te fait sentir toutes les fleurs que tu croises, qui te fait cueillir un trèfle même à trois feuilles quand elles sont en forme de cœur. Puis tout disparaît soudain, ou tout doucement. Il semble que ce soit la fin du monde. Il n’y a plus rien, tu as l’impression. Mais ce n’est pas qu’il n’y a plus rien. Il y a bien le désespoir et la tristesse. Tant qu’il y a le désespoir et la tristesse, il y a un espoir et une joie. S’il n’y a pas de lumière, l’ombre n’existe pas. Si tu vis dans le vide, tu ne sens pas d’odeur. Ni joie, ni tristesse. Le monde est rempli d’air pour que tu puisses sentir. Même si tu t’arrêtes, l’air coule autour de toi, le temps change sur ta tête. Il pleut, le vent souffle, les nuages se forment et se déforment, le soleil brille et brûle parfois. Tu ne fais que lever les yeux pour voir les choses bouger et le monde vivre. Le monde continue même après, après la fin. Et tu y es. Un oiseau chante quelque part, même si ses chants sont effacés par des bavardages, passages de train, pensées distraites ; un croissant de lune apparaît ; un bourgeon pousse un jour de fin d’hiver.

Si tu fais un peu attention. Tout cela te donne une joie pure sans condition même si c’est désespérément passager. Un sentiment infime te laisse une trace. Il y en aura une autre, et puis une autre. L’ensemble des choses n’est pas l’assemblage de chaque chose, mais elles se transforment dans l’ensemble et changent de nature avec le temps. L’histoire continue à se dessiner en toi. Naoko scrute et dessine tout ce qu’elle voit. Elle s’intéresse aux animaux, aux plantes et aux objets du quotidien. Ce qui accroche son esprit, de façon consciente ou inconsciente, apparaît petit à petit dans le processus de création. Associés les uns aux autres, les différents éléments de ses compositions épurées, stylisées, forment un univers poétique et singulier propice à la narration et à la dérive de notre imagination.

 

Créée en 2014, LA SLOW est devenue l’une des principales vitrines de l’illustration française

et étrangère. Elle se fait l’écho de l’effervescence nouvelle qui agite la vaste galaxie des arts graphiques et de l’illustration. Elle représente une sélection pointue et singulière réunissant plus de 100 artistes

et plus de 5000 éditions contemporaines signées et numérotées.

L’endroit se veut populaire et chaleureux, accessible à tout le monde, avec des œuvres dont les prix varient entre 20 € et 1000 €. Comme chez un disquaire, le public se promène, chine, feuillette pour dénicher gravures à l’eau-forte, linogravures, gravures sur bois, sérigraphies, risographies ou tirages « Beaux Arts » à encres pigmentaires. Chaque mois la galerie accueille une exposition personnelle réunissant des œuvres uniques, l’idée étant d’offrir aux artistes un espace où toute l’envergure de leur talent pourra s’exprimer.

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