Cordelia De Castellane La délicatesse
D’où vous est venue l’idée de créer le Cordelia Coffee Flower Shop ?
Cordelia de Castellane : « Je suis passionnée de jardins et de fleurs – j’ai d’ailleurs créé ma ferme des fleurs à 45 minutes de Paris – et je réfléchis- sais depuis un moment déjà à la façon de transmettre et de partager cet amour de la nature. Je me suis inspirée des plant nursery en Angleterre où l’on peut acheter des fleurs, des arbres, flâner et prendre un thé. C’est le cas ici, on sirote son thé, son café ou son chocolat au milieu des bouquets de saison, que nous achetons chez de petits producteurs locaux, et qui proviennent aussi de ma ferme. L’idée étant qu’à terme, tout puisse venir au maximum de chez moi. Mon fils, chef pâtissier, se charge de la carte des gâteaux. Lesquels vont prendre une nouvelle dimension dès juin. Ils seront alors joliment décorés dans l’esprit des lieux. »
Les fleurs et l’esprit campagne sont aussi très présents dans vos réalisations.
Cordelia de Castellane : « Pas toujours. Je réalise assez souvent des décors contemporains, très parisiens, comme pour le restaurant Laurent, dans lequel j’ai fait entrer le jardin certes, mais sans utiliser de motifs fleuris, en privilégiant les tons verts, tandis que le rose domine à l’extérieur. J’adore cet endroit assez masculin, et je trouvais sympathique et amusante l’idée de voir ces hommes sérieux en costume gris ou bleu marine s’installer sur des banquettes rose pâle. »
Comment travaillez-vous ?
Cordelia de Castellane : « Dans les faits, je m’adapte à l’endroit, au client, à ses désirs, je lui écris une histoire et je l’emmène dans cette histoire. Je n’aime pas les décorations qui n’ont pas de sens, ni de justification. Pour le Café Lapérouse, par exemple, j’ai voulu matérialiser un récit fictif des explorations du comte de Lapérouse, dont il n’est pas revenu puisque ses deux bateaux ont sombré. J’ai imaginé ce qu’il aurait pu raconter de ses voyages, des paysages qu’il avait traversés. J’ai retranscrit des mémoires qui n’existaient pas, et dans le fond c’est ce que j’aime faire en rénovant un lieu, qu’il me parle, pour raconter son histoire. »
Et quels lieux, quand on pense notamment à l’hôtel de l’Abbaye des Vaux-de-Cernay !
Cordelia de Castellane : « Il s’agissait d’une rénovation phénoménale, assortie de contraintes très lourdes, puisque l’on devait notamment travailler avec les Monuments Historiques et s’appuyer sur des archives… Mais c’est un champ de possibilités infinies qui s’est ouvert à nous sur ce chantier, et je me suis beaucoup amusée sur les détails. »
Vous aimez vous affranchir des styles, matcher les influences, mêler les objets chinés…
Cordelia de Castellane : « Je ne veux ni règles ni limites, je n’aime pas les choses trop parfaites. J’ai pris ça de ma mère, dotée d’une grande fantaisie, et de cette qualité très anglaise d’oser oser. Les Anglais ont une grande influence sur moi, et comme eux, j’adore oser… »
Vous êtes aussi très parisienne, c’est quoi l’esprit pari- sien dans la déco et l’art de vivre selon vous ?
Cordelia de Castellane : « C’est un je-ne-sais-quoi, qui a l’air d’être à sa place sans avoir demandé d’effort, à l’image de la Parisienne élégante sans apprêt. Le décor parisien, c’est ça aussi : ça marche, en donnant une impression de naturel, de simplicité, de désinvolture… Cet esprit nourrit mon travail, et c’est un conseil que je donne aux gens : ne décorez pas trop, ne chargez pas, ne faites pas compliqué. Il faut laisser s’expri- mer la simplicité, en toute liberté. »