Deirdre Dyson, Paris lui dévoile le tapis rouge
Comment êtes- vous passée de la peinture au design de tapis ?
Deirdre Dyson : L’occasion d’en concevoir s’est présentée, et j’étais sûre de pouvoir faire les deux. Diplômée des beaux-arts et aussi en graphisme, je sais que tout 1 travail de création, quelle que soit sa forme, est fondé sur le concept, la solution et l’exécution.
Comment ces deux univers se nourrissent et enrichissent-ils votre création ?
Deirdre Dyson : Mes peintures sont des études de vie, des natures mortes, des paysages et des portraits, inspirées de mes propres installations ou de mon environnement. En concevant des tapis, je me suis rendu compte que j’avais la même liberté dans les sujets ou les thèmes choisis, mais dans un temps limité pour mes équipes, ce qui s’avère un défi passionnant à relever.
Comment travaillez-vous ?
Deirdre Dyson : Je ne regarde jamais les tendances ou les dessins des autres – ce serait une source de distraction qui nuirait à l’originalité. Je n’utilise aucune référence, je me nourris de mes expériences. En tant que peintre, chaque nouveau tableau est une inspiration et un point de départ pour le suivant. J’ai reproduit ce cheminement créatif sur les tapis, en travaillant pour chaque collection sur un thème donné avec huit ou neuf pièces qui déclinent individuellement un point de vue différent sur cette thématique. Ainsi, la collection Looking Glass m’a poussée à rechercher les effets, subtilités et variations multiples du verre, dans leurs formes, leurs couleurs, leur lumière, leur transparence, leurs reflets, en utilisant uniquement la laine et la soie.
Quels sont vos liens avec les artisans qui fabriquent vos tapis ?
Deirdre Dyson : Notre partenaire est un Tibétain qui vit au Royaume-Uni avec lequel nous avons une amitié très personnelle. Si je conçois un tapis dont je crains qu’il soit trop difficile à tisser, nous en discutons, puis il en parle aux fabricants pour étudier la faisabilité. Jusqu’à présent, il a toujours répondu positivement à mes demandes, ce qui m’encourage à aller encore plus loin dans les défis posés par la technique.
Votre dernière collection All at Sea s’inspire de la mer. Que vouliez-vous explorer après avoir travaillé sur le verre avec Looking Glass ?
Deirdre Dyson : En vacances en Grèce, sur un bateau, j’ai pu observer com- ment la lumière du soleil à la surface de l’eau crée des motifs vacillants étonnants, colorés et graphiques. Les falaises multicolores, l’aube et le crépuscule sur ce miroir mouvant m’ont fait vivre des expériences si émouvantes que je les ai immortalisées sur mon Smartphone. Contrainte de m’isoler sur un bateau dans les Caraïbes pendant le confinement, pour échapper à la quarantaine, j’ai mis cette pause forcée à profit pour me lancer dans de nouvelles créations en partant des photos prises en Grèce. C’est ainsi que la collection All at Sea est née. Pour ce travail, je me suis éloignée de l’approche picturale pour me positionner dans une démarche graphique, plus littérale qu’abstraite.
Quel est le thème de votre prochaine collection ?
Deirdre Dyson : Pour ma prochaine collection intitulée Angles exposée dans ma galerie parisienne dès janvier, je me suis forcée à m’asseoir avec bloc, crayons, couleurs, règle et équerre. Les limites peuvent être source de créativité et je me suis donc interdit les courbes. Il est fascinant d’explorer les possibilités offertes par les lignes droites exaltées par la couleur, comment elles ouvrent un espace d’effets visuels, avec des formes qui semblent sortir du cadre. Ce thème m’a amenée à me demander ce que ces dessins donneraient sur une toile. J’ai donc commencé un travail très personnel sur ce thème, en revenant à la peinture, tandis que les tapis sont le fruit d’une collaboration avec un client.