Sports de raquette
D’ordinaire, la place Vendôme vit au rythme des allées et venues des clients du Ritz et des passionnés de joaillerie, attirés par la splendeur des bijouteries qui jouxtent le célèbre palace parisien.
Mais, en cette matinée de septembre, elle offre un tout autre visage. Au pied de l’iconique colonne Vendôme, un terrain de padel a été installé pour quelques jours, en marge de l’Alpine Paris Major 2025, dont la quatrième édition se tient dans l’enceinte du stade Roland-Garros.
Accessible gratuitement sur inscription, la piste a tout du spot idéal pour les amateurs de ce sport à la croisée du tennis et du squash. Né au Mexique à la fin des années 1960, il a connu un essor considérable en France au cours de ces dernières années. Un succès qui s’explique assez facilement d’après Franck Binisti, rédacteur en chef de Padel Magazine, premier média francophone spécialisé dans le padel :
« Le Covid a aidé. Il y a eu un avant et un après en ce qui concerne la place du padel en France. Auparavant, il n’était pas considéré comme un sport collectif. Mais tout a changé lorsque des sportifs qui ont l’habitude de pratiquer des disciplines en équipes, comme le football, le basket ou encore le volley, sont venus s’y initier. L’essayer, c’est l’adopter. »
Popularisé par d’autres athlètes, le padel a rapidement aiguisé la curiosité des Parisiens, qui ont pu pratiquer leur nouveau sport fétiche dans des lieux de prestige. Ainsi, en septembre 2024, une piste éphémère avait été installée dans la cour de l’Hôtel du Collectionneur.
Aujourd’hui, il est même enseigné, au même titre que le tennis, par plusieurs professionnels au Lagardère Paris Racing, club sportif de référence de l’Ouest parisien. Si le padel continue d’attirer de plus en plus d’adeptes, c’est aussi parce qu’il s’adresse au plus grand nombre.
« C’est un sport accessible à tous et qui peut se pratiquer toute l’année, ce qui explique en grande partie son succès. Par ailleurs, bien que la condition physique ait son importance, elle n’est pas déterminante, comme c’est au contraire le cas dans d’autres disciplines sportives » soulève Antonino Labate, directeur des ventes, du marketing et de l’expérience client Alpine.
Signe du succès du padel, de nombreuses pistes ont vu le jour en France ces derniers mois. En 2025, la barre symbolique des 3 000 terrains a été franchie. Plusieurs clubs ont participé à cet élan, à l’instar d’UrbanPadel, qui propose aujourd’hui un réseau d’une vingtaine de centres un peu partout dans l’Hexagone. Et de nouvelles offres ont été lancées, comme Courtly, une box spécialement conçue pour les aficionados du padel, qui reçoivent tous les deux mois les meilleurs équipements pour continuer à pratiquer cette discipline désormais incontournable.
Des moments de convivialité
Si la popularité du padel ne se dément pas, d’autres sports de raquette connaissent également un certain succès depuis plusieurs mois. C’est notamment le cas du pickleball. Cette discipline venue des États-Unis est un mélange de tennis, de badminton et de ping-pong. Elle se pratique à deux ou à quatre joueurs et consiste à taper dans une balle en plastique perforée à l’aide d’une raquette légère. Assez physique, ce sport méconnu en France il y a encore peu de temps (bien qu’il soit né au cours des années 1960) a également une dimension ludique importante, comme le souligne Jean-Paul Bagot, secrétaire général de la Fédération Pickleball France :
« On s’amuse beaucoup sur le terrain. Les joueurs se parlent entre eux et prennent du plaisir. Compte tenu de sa marge d’apprentissage réduite, c’est une discipline qui est intergénérationnelle. Un grand-père peut jouer sans problème avec sa petite-fille.»
Comme le padel, le pickleball est une activité qui présente de nombreux bénéfices sur le plan physique (cardio, coordination…), mais aussi au niveau social. En échangeant des balles sur le court et en communiquant lors des parties, certains joueurs se lient d’amitié.
« Le pickleball, à l’instar de nombreux autres sports de raquette, permet à des personnes de différents milieux et générations de passer un moment convivial ensemble. Il est évident que cela renforce le lien social », analyse Jean-Paul Bagot.
On s’amuse beaucoup sur le terrain. Les joueurs se parlent entre eux et prennent du plaisir.
Une formule gagnante qui constitue également l’ADN du raqball, sport hybride mêlant basketball, handball, squash et badminton. Inventé par l’artiste multidisciplinaire Chris Oven en 2012, il revêt un aspect divertissant non négligeable, d’après son créateur :
« Les joueurs se dépensent autant qu’ils rient, même s’ils n’en ont jamais fait avant. C’est intense, c’est fun et, surtout, ça fait du bien ! »
Faciles à pratiquer et ludiques, les nouveaux sports de raquette connaissent un succès exponentiel, tandis que les plus traditionnels, comme le tennis, enregistrent une relative stagnation. Jugée plus onéreuse et stricte, la discipline reine est même parfois détrônée par le padel. Ainsi, en février 2025, un vieux court de tennis de Mantes-la-Jolie (Yvelines) était sur le point d’être détruit pour laisser place à trois nouveaux terrains de padel flambant neufs.
« Le tennis n’a pas trop évolué ces dernières années. C’est un sport qui a toujours ses adeptes mais qui n’a pas connu non plus un regain d’intérêt, à l’inverse du padel et du pickleball, qui continuent d’attirer de nouveaux joueurs » remarque Antoine Schwartz, docteur en sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) à la faculté des sciences du sport de Strasbourg.
Certains champions de tennis n’hésitent d’ailleurs pas à tirer la sonnette d’alarme, comme Novak Djokovic, lors du tournoi de Wimbledon en 2024, qui avait partagé son point de vue en conférence de presse :
« Si nous ne faisons rien au niveau mondial, tous les clubs de tennis seront transformés en clubs de padel ou de pickleball. »
L’ascension n’est pas terminée
Si le tennis n’a pas dit son dernier mot, les nouveaux sports de raquette semblent bien décidés à poursuivre leur ascension.
À l’automne 2024, Sportfield, lauréat des Quartiers d’Innovation urbaine, inaugurait une piste de padel en extérieur, le long des quais de Seine, avec une vue imprenable sur la tour Eiffel.
Quelques mois plus tard, un autre court (cette fois provisoire) était installé sur le quai du port de Suffren, au pied de la Dame de fer.
De son côté, la Fédération française de tennis, en marge de l’Alpine Paris Major, a annoncé vouloir encourager la construction de 500 nouvelles pistes de padel.
Autant de symboles qui montrent que les raquettes sont, plus que jamais, à la fête !
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