Le Lido fait son music-hall

Cette fois, c’est sûr : c’en est fini des belles filles de Paris, avec paillettes, plumages, ramages et seins nus. Finies les excentricités de ce lieu mythique nommé Lido (en référence à la plage de Venise), parce qu’en 1929 , on y avait conçu une immense piscine dans les sous-sols du 78 avenue des Champs-Élysées, avec hammam et revues nautiques, suivi en 1946, de grandes revues de cabaret sous la houlette des frères Clerico (dont les descendants possèdent aujourd’hui le Moulin-Rouge). Vingt-sept revues majestueuses, un déménagement aux 118 Champs-Élysées, quelques milliers de Bluebell Girls, meneuses et Lido Boys, et deux confinements destructeurs plus tard, le groupe hôtelier Accor rachète la salle en 2021 pour un petit euro symbolique. Et décide d’en faire une simple salle de spectacle avec à l’affiche des comédies musi- cales à la Broadway et en anglais sous-titré. Enfin, pas si “simple salle” car ses concepteurs voient grand et beau. Le nouveau directeur, Jean-Luc Choplin, qui a dirigé le théâtre du Chatelet puis le théâtre Marigny, a le souci de faire désormais Lido2Paris  » un lieu ou l’on propose le meilleur du théâtre musical, sophistiqué et grand public. Le tourisme de masse a démodé les revues, assure-t-il.

Quant à l’année 2024, elle est déjà planifiée : « En janvier, nous prévoyons d ’accueillir le Rocky Horror Show, puis de programmer une vraie création mondiale électro-pop autour d’une suite de La Flûte enchantée appelée The Magic Flute... » Si les shows se présentent sous une forme classique de spectacle frontal, la salle, elle, garde une vraie touche cabaret, avec canapés et tables où l’on pourra déguster un peu de finger food. La déco, justement, est signée Alexis Mabille, que l’on connaît plus comme couturier, mais dont la face cachée est une activité de design avec son agence Beaubow. Il avait déjà réveillé Le Bœuf sur le toit, restaurant-cabaret mythique, le voilà qui rhabille Le Lido. « J’ai eu un an pour finaliser ce projet, ce qui est très excitant, explique-t-il. Il fallait garder l’identité un peu délirante, aquatique et très Arts déco du Lido tout en lui donnant une modernité. Le long couloir d’accès est donc interactif avec un alignement d’écrans, la salle est dotée de canapés et de box de banquettes avec une petite ligne Bauhaus et proche de Jean-Michel Franck. Le bar de la salle fait huit mètres de long, il est en bois sculpté, onyx, laiton, feuilles d ’or. Les luminaires sont très Arts déco, les fontaines du foyer du premier étage rappellent les aquashows du Lido… » À terme, l’idée serait d’ouvrir la salle dans la journée pour y proposer des attractions, comme autrefois, mais aujourd’hui virtuelles. La révolution dans la continuité ? À l’évidence, Le Lido est mort, vive Le Lido…