Défilés

Jean-Paul Gautier by Haider Ackermann Haute Couture Printemps-Été 2023

Quelle belle idée a eu Jean Paul Gaultier de faire réaliser ses défilés Haute Couture par d’autres créateurs que lui. En leur confiant à d’autres, c’est l’occasion de réaliser, en creux, le portrait de son propre univers créatif. Pour le défilé automne-hiver 2022-2023, Olivier Rousteing s’était emparé des codes très connus de Jean Paul Gaultier, et les a faits sien pour en faire in fine totalement autre chose. Cette saison, c’est Haider Ackermann, avec une position quasiment inverse. Il ne se sert de pratiquement aucun des codes de Jean Paul Gaultier, sauf, ici et là, quelques soutiens-gorge iconiques ou pièces de corseterie. Ce qui ressort ici, c’est l’engouement, le bonheur, le plaisir qu’Haider Ackermann a eu à réaliser ce défilé avec des ateliers Haute Couture. Il y a même ici et là, des références à d’autres couturiers, plus connus, plus classiques. Dans l’assistance, quelques journalistes remarquaient que, visiblement, Haider Ackermann avait été plus inspiré par Madame Grès que par Jean Paul Gaultier. Pourquoi Madame Grès ? Il suffit de regarder les tenues. De nombreux plissés, des robes fluides, très simples, qui semblent couler le long du corps. Des constructions parfaites et fines.

Dès le début du défilé, le ton était donné avec une série de smokings construits à la perfection et d’un classicisme qui semblait venir du plus lointain et du meilleur de la Haute Couture. La suite était à l’avenant. D’autres modèles n’ont pas été sans rappeler, après Madame Grès, un certain Pierre Cardin. Une robe bleu dur, entre autres, qui a défilé et s’est exposée longtemps aux flashs des photographes et a remporté, sur place, un très grand succès. Au milieu de ce défilé, il y a eu quelques silhouettes masculines et, très remarqué aussi, un long manteau en poils métallisés sur jean blanc qui a beaucoup intéressé Timothée Chalamet présent dans l’assistance à côté de Catherine Deneuve. Autre particularité qui signe l’originalité d’Haider Ackermann, ce défilé s’est déroulé pratiquement en silence, juste ponctué de quelques mots de Sophie Fontanel, à propos de la révolte iranienne actuelle. Enfant terrible de la mode, Jean Paul Gaultier en est devenu l’un des gardiens du temple. De ceux qui n’hésitent pas, pour en assurer la continuité, à mettre en avant d’autres créateurs de talent. On a toujours beaucoup aimé Jean Paul Gaultier. Maintenant, on sait enfin pourquoi.

Par Viviane Blassel - Publié le
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