Interview

Héléna Ichbiah, l’inclassable

Fondatrice et directrice artistique du studio de création Ich&Kar, Héléna Ichbiah touche autant à l’identité de marque, au graphisme, à la scénographie qu’au design et à l’architecture d’intérieur, en s’appuyant sur un vivier de partenaires et de créatifs. Sa marque Ich&Kar est connue pour ses papiers peints éducatifs, réunis dans la collection Watch, Look and Learn qu’elle fut la première à lancer, et pour son design joyeux, fantaisiste, jamais gratuit. On retrouve aujourd’hui la créatrice en tant que co-commissaire de la septième édition d’Émergences, biennale consacrée au design, aux métiers d’art et à l’artisanat de l’Est parisien, présentée du 1er au 4 juin au Centre national de la danse de Pantin. 

Le Square Trousseau "Une brasserie très très sympathique."

1, rue Antoine Vollon, 75012 Paris
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La galerie Prisme "Mon rendez-vous céramique."

14, rue de Cotte, 75012 Paris
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Boutique Relma "Le charme des boutiques d’antan."

3, rue Poitevins, 75006 Paris
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Librairie Un regard Moderne "Une mine d’or de fanzines et de livres inédits."

10, rue Gît-le-Cœur, 75006 Paris
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Otto "Le restaurant que j’ai dessiné pour le chef Éric Trochon."

5, rue Mouffetard, 75005 Paris
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Au Top "Mon restaurant d’été avec vue panoramique sur Paris."

93, rue Vieille du Temple, 75003 Paris
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Chez Nenesse "Mon restaurant d’hiver, une cuisine très réconfortante."

17, rue de Saintonge, 75003 Paris
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Trudon. "Mes bougies favorites."

Merci, 111, bd Beaumarchais 75003 Paris
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Quel est votre rôle pour la septième édition de la biennale Émergences ?

Héléna Ichbiah : Avec Véronique Maire, la co-commissaire, nous nous sommes retrouvées sur une envie commune de présenter moins de pièces et de créateurs que lors des autres éditions, de construire une exposition qui soit davantage dans la transmission et dans l’exploration. Nous nous sommes concentrées sur une trentaine de designers, d’artisans d’art et d’artistes, qui vont lever le voile sur leur univers, leur cheminement et leur processus créatif, un peu comme s’ils ouvraient leur atelier. Certains vont présenter un panorama d’objets, d’aucun une pièce seule, des prototypes, des dessins, des échantillons, des choses très finies et d’autres “in progress”… L’idée est de rendre les métiers de la création et tout le travail derrière l’objet fini plus visibles, à travers une balade enrichissante et pétillante, très pédagogique par sa mise en scène.

Comment présentez-vous les choses ?

Héléna Ichbiah : Nous avons imaginé six thématiques, six “studios” scénographiés comme des tableaux, avec à chaque fois entre quatre et six artistes qui révèlent une création protéiforme : certains ont une démarche sociale ou environnementale, d’autres sont dans la prospective, dans le mariage de la main et de la machine. Des artisans d’art et artistes dévoileront également leur travail sur la couleur, sur les ornements, sur les matières… Et nous présentons parallèle- ment les œuvres d’une vingtaine de céramistes du territoire.

Votre design est connu pour être mutin et malin, qu’il s’agisse du papier peint phosphorescent, des serre- livres/repose-livres ou des vases Seeds organiques qui se révèlent très féminins…

Héléna Ichbiah : Nos incursions dans le design partent toujours d’une idée forte, d’une image, d’un matériau, d’une inspiration. Je ne me pose pas devant une page blanche, cela naît plutôt d’une fulgurance. Dans le cadre d’un concours sur le papier peint, je voulais trouver une idée qui révolutionne le genre, qui ne soit pas juste dans le décoratif, mais apporte une fonction au produit. Pour le serre-livres brique, Books and Bricks, qui se recompose en repose-livre, l’idée était de travailler un objet modulaire dont nous avons grand besoin dans le studio, en tant que créateurs graphiques d’ouvrages. Quant au vase Seeds, c’est la nature qui me l’a inspiré, par le biais d’une photo de plante très sensuelle de Karl Blossfeldt.

Votre création est également marquée par la ligne Penrose, qui s’enrichit chaque année et s’inspire de la géométrie et du fameux pavage de Penrose.

Héléna Ichbiah : L’idée m’est venue à la suite d’une exposition sur les mathématiques à la Fondation Cartier. J’ai trouvé que sa traduction dans le design était intéressante, car dans nos métiers, le motif est répétitif. Or celui-ci est exponentiel, il se construit à l’infini sans jamais se répéter. Sur les tables, par exemple, c’est lui qui détermine et dessine les contours. C’est devenu un fondamental de la maison que nous travaillons sous toutes ses formes.

 

Vous êtes aussi spécialisée dans la création d’identité de marque et d’objets, pour le luxe, la gastronomie, le lifestyle. Comment travaillez-vous avec vos clients, qu’ils s’appellent Troisgros, Christofle ou Alber Elbaz ?

Héléna Ichbiah : C’est beaucoup d’écoute. Je les fais parler et les choses se visualisent, se construisent. J’ai le sentiment que notre métier est la traduction en image de ce que les gens racontent. Avec trois questions récurrentes que nous nous posons à chaque nouveau projet : « D’où vient-on, où va-t-on et comment y va-t-on ? » Ensuite, c’est beaucoup de confiance de la part de nos clients. Nous sommes connus pour aimer les moutons à cinq pattes, les objets inattendus qu’on va garder quand ils sont censés finir à la poubelle, qu’une brochure devienne un livre ou qu’une boîte soit si jolie qu’on s’en resserve.

Par Florence Halimi - Publié le

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