Interview

Paolo Roversi, l’ivresse parisienne

Dans son studio du 14e arrondissement aux grandes baies vitrées, Paolo Roversi vient de recevoir la première édition du catalogue de son exposition. L’unique exemplaire pour le moment. Émotion. La lumière du nord qu’il affectionne tant envahit l’espace, immense. Rencontre avec le plus Parisien des photographes italiens dont le Palais Galliera accueille, jusqu’au 14 juillet 140 œuvres au sein de l’exposition qui lui est consacré.

Palais Galiera Jusqu'au 14 juillet

10 Avenue Pierre-de-Serbie, Paris 16e www.palaisgalliera.paris.fr/
Voir l’itinéraire

Quel est le projet de votre exposition au Palais Galliera ?

Paolo Roversi : « Ce n’est pas une rétrospective. C’est une exposition sans fil, comme un journal de mes années de travail. Cette exposition me fait plaisir car c’est une reconnaissance. Cela fait 50 ans que je suis à Paris. »

Quelle a été votre émotion en arrivant à Paris ?

Paolo Roversi : « Je suis arrivé à Paris un soir de pluie en 1973. Pour un jeune garçon italien, c’était comme débarquer sur la Lune. Je suis arrivé boulevard Raspail et j’ai traversé tout Paris en marchant. J’étais heureux, ivre de Paris. »

Qu’aimez-vous à Paris ?

Paolo Roversi : « Paris est magnifique quand on traverse un pont, on respire alors le grand Paris, et toute sa lumière et tout son ciel. J’aime ses boulevards, ses musées, ses cinémas… J’aime tout de Paris. C’est unique au monde. Malgré mon amour pour l’Italie, je ne pourrais pas quitter Paris. »

Paris a-t-elle une lumière particulière ?

Paolo Roversi : « Oui, sans aucun doute. La typique lumière parisienne avec des journées pas trop ensoleillées et des ciels un peu gris, c’est la lumière que j’adore. J’ai la chance d’avoir un studio avec de grandes fenêtres qui donnent au nord. Donc j’ai la lumière des peintres. J’aime aussi la lumière de Paris entre chien et loup, quand il ne fait pas encore nuit, et que le jour est presque fini. »

Avez-vous photographié Paris ?

Paolo Roversi : « Très peu. Je ne suis pas un photographe d’extérieur, je suis un photographe de studio. Photographier les rues, je l’ai fait très peu. Quand je l’ai fait, c’était la nuit. Je ne suis pas un photographe du réalisme. »

Avez-vous photographié Paris ?

Paolo Roversi : « Très peu. Je ne suis pas un photographe d’extérieur, je suis un photographe de studio. Photographier les rues, je l’ai fait très peu. Quand je l’ai fait, c’était la nuit. Je ne suis pas un photographe du réalisme. »

Comment avez-vous trouvé votre studio justement ?

Paolo Roversi : « Par hasard. Un ami, photographe aussi, m’a dit qu’il avait trouvé un studio, un endroit magnifique. Je l’ai beaucoup aimé, mais l’agence de location nous a dit qu’il était loué. Quinze jours après, il s’était libéré, et je l’ai pris tout seul. Pendant les travaux, j’ai vécu dans l’atelier de Géricault, rue des Martyrs. Je suis venu habiter ici quelques années. C’est un endroit auquel je suis très attaché. Cela fait bientôt trente ans que je travaille ici. »

Comment accueillez-vous vos modèles ?

Paolo Roversi : « On offre un thé… C’est un studio domestique, assez casanier. Humain, c’est sûr. Cela n’a pas l’atmosphère d’un endroit commercial, industriel ou technique. Il faut accueillir la personne que l’on photographie, la mettre à l’aise, instaurer une confiance réciproque et naît alors ce que j’appelle l’amitié photographique entre le sujet et le photographe. C’est comme cela que nous faisons de belles photos ensemble. »

Comment y travaillez-vous ?

Paolo Roversi : « Mon studio est comme un petit théâtre. La photographie, c’est un petit événement. On met en scène, on raconte. J’essaie de créer une atmosphère spéciale forte en vibrations pour que le spectateur, en regardant la photo, ressente les mêmes émotions. C’est aussi simple que ça. »

Dans l’exposition, on découvre votre travail avec le Polaroïd pendant presque trente ans…

Paolo Roversi : « Oui, j’ai commencé la photographie avec les Polaroïd grand format en 1980 et j’ai prolongé cette technique pendant trente ans. Quand la maison Polaroïd a fermé, je n’ai plus pu continuer. Cela me manque beaucoup. C’était ma palette. J’essayais d’expérimenter toutes sortes de choses différentes, en mettant de la couleur dans les rouleaux, en collant derrière le Polaroïd des morceaux de feuille d’or, d’argent, des pétales de fleurs, j’ai essayé plein de petits trucs. C’était de l’alchimie. Le moment le plus beau, le plus satisfaisant était quand j’étais moi-même surpris par le résultat. On est fasciné par ce qui arrive. C’est toujours un cadeau de la lumière, une photo. »

Vos inspirations sont multiples…

Paolo Roversi : « En photographie, j’ai beaucoup de maîtres qui m’ont inspiré, nourri, enrichi, comme dans la peinture, la musique, la poésie. On a besoin d’être enrichi et fécondé pour pouvoir sortir quelque chose. Si on n’a rien à l’intérieur, c’est difficile. On fait de grandes photographies à partir de grandes photos. Umberto Ecco disait « Nous sommes des nains assis sur les épaules des géants ». »

Quelle est votre image de la Parisienne ?

Paolo Roversi : « Inès de la Fressange est la typique Parisienne avec son style et son allure. C’est une nonchalance, pas une élégance bourgeoise comme pourrait être la Milanaise, comme une “madame” avec toutes les ceintures de Gucci et les sacs Prada. La Parisienne a une élégance plus coquine et discrète. Plus sexy aussi. »

Vous avez un projet sur le Louvre…

Paolo Roversi : « Je suis en train de préparer un livre sur le Louvre. Cela me fascine de faire cela. J’ai carte blanche. Tout sur le Louvre. Il y a 25 kilomètres de galeries au Louvre. C’est énorme. Je vais essayer de faire quelque chose de bien, mais je ne m’y suis pas mis encore vraiment. Pour l’instant, je suis en train de sonder le projet et les œuvres d’art. »

Qu’aimeriez-vous que l’on retienne de votre exposition ?

Paolo Roversi : « Le côté humain, mon travail et basta. Un amour de la vie et de la beauté. »

Par - Publié le

Vous aimerez sûrement les articles suivants…

Rejoignez-nous sur Instagram Suivre @ParisCapitale