Interview

Emma de Caunes Une jeune femme épanouie

Ce mois-ci à l’affiche de La Rivière à la Comédie des Champs-Élysées, une pièce anglaise jouée à Broadway, Emma de Caunes, fille d’Antoine et petite-fille de Georges, trouve, ici, un rôle à sa mesure. Celle d’une jeune femme désormais épanouie, bien dans sa peau et dans sa vie et qui, surtout, a réussi à se faire un prénom. Elle nous entraîne dans le 11e arrondissement qu’elle adore et où elle vit depuis plus de dix ans.

L’univers du spectacle, c’est toute petite que vous êtes tombée dedans ?

Il est vrai que je n’étais pas plus haute que trois pommes quand j’ai commencé à me lancer dans des imitations d’Elvis Presley ! Il fallait que je fasse le clown et j’ai toujours eu le sens du jeu. En revanche, en classe, c’était assez catastrophique. Je me faisais virer de partout.

Était-ce difficile d’être la fille d’Antoine de Caunes ?

J’ai grandi en même temps que la notoriété de mon père. Mes camarades de classe regardaient ses émissions à la télévision et rigolaient devant ses bêtises. Du coup, les rapports étaient faussés car beaucoup d’enfants voulaient devenir mes amis juste à cause de mon nom. Ce qui m’a valu pas mal d’amitiés intéressées, même si à l’époque je ne m’en rendais pas compte… J’avais surtout la désagréable impression de partager mon père avec tout le monde.

Vous-même étiez-vous très proche de lui ?

Mes parents étaient très jeunes lorsqu’ils m’ont eue. Ils avaient respectivement 21 et 22 ans et n’étaient encore que des bébés ! Moi, à 8 ans, je prenais déjà le métro toute seule. Il faut dire que les années 80 étaient synonymes d’insouciance, à des années-lumière du climat qui est le nôtre aujourd’hui et où je m’inquiète souvent pour ma fille adolescente ! Personnellement, j’ai le sentiment de m’être éloignée trop rapidement de l’enfance, ce qui a rendu mon parcours parfois un peu chaotique. Je séchais les cours, j’étais rebelle, antitout. Entre 14 et 17 ans, j’ai fait toutes les conneries.

À 17 ans, coup de chance, vous êtes repérée à la sortie de votre lycée…

Oui, lors d’un casting sauvage où je suis engagée pour faire des publicités. C’est justement en visionnant celle réalisée pour le chocolat Crunch qu’Olivier Jahan me découvre et me confie un rôle dans ce qui sera mon premier long-métrage. En fait, si j’ai réussi à décrocher mon bac, c’est parce que je l’ai passé dans une section option cinéma où je me passionnais pour le montage et la mise en scène.

Ensuite, on a l’impression que les rôles s’enchaînent très vite, que vous devenez l’une des actrices phare de votre génération. Jusqu’à ce qu’on commence à moins vous voir à l’écran…

J’ai joué dans trente films, mais le métier d’acteur est un métier cruel. Pendant un certain temps, vous êtes au top et tout le monde vous veut. Et puis, vous vous retrouvez au creux de la vague et plus personne ne vous désire sans que vous sachiez pourquoi. Il est vrai que je n’ai jamais été une carriériste. Que j’ai toujours voulu faire seulement ce dont j’avais envie.

La musique occupe également une grande place dans votre vie…

Ce qui m’a valu d’animer pendant dix ans l’émission La musicale sur Canal + ! Certains ont cru que je mettais un terme définitif à ma carrière. Les gens me disaient : « Alors, tu n’es plus comédienne ? » C’est fou comme en France, on a tendance à mettre les artistes dans des cases. Sans compter que moi, je ne suis pas du genre à attendre près de mon téléphone ! Je faisais une émission qui me plaisait et dans le même temps, je m’appliquais à construire ma vie privée.

 

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Votre désir de fonder jeune une famille stable trouve-t-il son origine dans le fait que vos parents se soient eux-mêmes séparés très tôt ?

Oui, sans doute. Mon premier mari était le chanteur Sinclair avec qui j’ai eu Nina, ma fille qui a treize ans. Je n’avais que 17 ans lorsque nous nous sommes connus et nous nous sommes regardés grandir. Lorsque par la suite j’ai rencontré le dessinateur anglais Jamie Hewlett, par le biais de mon émission musicale, j’ai reconnu en lui l’homme de ma vie. Nous nous sommes mariés en 2011 et si, aujourd’hui, Jamie ne parle toujours pas le français, cela ne le dérange aucunement ! D’ailleurs, nous séjournons souvent en Angleterre où il a exposé en novembre, à la galerie Saatchi de Londres. Mais ma base reste le 11e arrondissement où j’habite depuis onze ans et d’où je ne déménagerai pour rien au monde.

Vous rendez-vous encore souvent dans la célèbre maison familiale de Trouville ?

Cette maison de Trouville reste indiscutablement le repère de la famille et nous y allons dès que nous le pouvons. C’est Jacqueline Joubert, ma grand-mère, qui a fait découvrir Trouville à mon père lorsqu’il était petit. Elle louait alors une maison de pêcheur et, l’été, quittait Paris en Fiat 500 avec mon père et mon arrière-grand-mère à l’arrière ! J’étais très proche de ma grand-mère. On chantait Trenet et Bourvil ensemble. Nous allions beaucoup à l’Opéra, à la Comédie-Française. Ma grand-mère était à la fois mon modèle, mon amie et ma confidente. On se voyait au moins une fois par semaine.

 

Plus j’avance dans la vie, plus je me sens en accord avec moi-même.

Avec Georges de Caunes, votre grand-père, les relations étaient moins intimes ?

Georges vivait à La Rochelle. Ce n’était pas un bavard, mais on s’écrivait beaucoup. Mon grand-père était un explorateur qui, après avoir présenté le journal télévisé, partait s’isoler seul sur son île. Mon père et mon grand-père ont en commun d’avoir quitté la télé au moment où ils étaient au sommet de leur gloire. Ils avaient envie de se faire peur, de ne pas s’installer dans une routine sécurisante.

Un éclectisme que vous revendiquez également ?

Tout à fait. Et en ce moment l’écriture me passionne. J’ai écrit deux longs-métrages et j’ai un projet de série en collaboration avec des scénaristes. Je vais avoir 40 ans et je ne suis plus la petite nana pétillante, marrante et grande gueule, qualificatifs dont on m’a affublée pendant des années. Maintenant, j’aspire à des rôles plus sensibles, plus dramatiques comme celui, très beau qu’Olivier Jahan m’a confié l’an passé dans Les Châteaux de sable. Aujourd’hui, j’ai rencontré la stabilité, le grand amour et le travail. Plus j’avance dans la vie, plus je me sens en accord avec moi-même.

Et avec Antoine, votre père, que partagez-vous ?

Une même passion pour la musique et l’humour anglais. Sinon Jules, le petit garçon de sept ans que mon père a eu avec Daphné Roulier est devenu à la fois mon petit frère et l’oncle de ma fille ! Notre famille recomposée est plutôt curieuse, mais tout le monde s’en sort très bien !

Bio Express

Bio Express

  • Naissance à Paris
  • Obtention d’un Bac L Option Cinéma
  • César du meilleur espoir féminin pour Un Frère de Sylvie Verheyde
  • Se marie avec Sinclair, alias Mathieu Blanc-Francard
  • Naissance de sa fille Nina
  • Obtient le Prix Romy Schneider pour Les Amants du Nil d’Éric Heumann
  • Ma Mère de Christophe Honoré
  • Divorce de Sinclair
  • Présente La Musicale sur Canal +
  • Premier rôle dans Les vacances de Mr Bean
  • Épouse Jamie Hewlett
  • Les Châteaux de sable d’Olivier Jahan
  • La Rivière de Jez Butterworth, à la Comédie des Champs- Élysées
Par Caroline Rochemann. Photos : Stéphanie Slama - Publié le

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